jeudi 31 décembre 2009

Avatars


Il pleuvait froid et triste , et en ce soir de solstice, il faisait déjà nuit. Nous marchions en rentrant les épaules, la petite main de Camille serrée dans la mienne. Elle venait d’avoir –encore !- une bronchiolite et c’était sa première sortie. Elle avait tant envie d’une petite bricole à s’habiller pour le soir de Noël, comme sa sœur Charlotte à qui nous venions d’acheter une petite robe noire courte d’ado, qui faisait la fierté de ses neuf ans . Pour Camille, nous venions de trouver un petit gilet très class, et nous nous hâtions vers l’abri de mon "camion rouge" garé un peu loin dans la zone commerciale, près du Mega CGR, tout reluisant de lumière …
C’est alors qu’on voit l’affiche ! Camille (quand on commence à savoir lire on s’en sert), me dit d’un air grave et concentré :
-On dirait Max et les Maximonstres . Je me trompe, ou c’est bien eux?
- C’est Max et les Maximonstres ? Ils ont fait un film…
-On l’avait lu en grande section
-C’était bien ?
-Super …
Pour ma part, j'ai toujours adoré Max et les Maximonstres, qui marquèrent mon entrée en tant que formateur dans les délices de la litérature enfantine, à l'instar de Petit Ours, du même Maurice Sendak (avec Else Minarik). Bien sûr, j'ai des réticences de pisse-froid sur la mise en film (une heure et demie) de ce merveilleux dessin, et de ce récit ramassé, plein d'ellipses et de non dits...
-Veux-tu que je t’y emmène ?
Et le lendemain de Noël, nous voilà parties, toutes deux d’abord, puis, avec Charlotte, parce que c’est toujours bon de s’offrir une petite régression, puis avec ma Nadja, peut-être pour la même raison… (C'est Noël!!!)
Il pleut toujours, mais c’est trois heures, il ne fait pas nuit…c’est déjà ça…
Devant le cinéma, une énorme queue, moitié abritée, moitié à la pluie…
Nous persistons toutefois, assurées par tous les affichages, comme nous l’étions par Internet, d’une séance à quatre heures.
-4 pour Max et les Maximonstres , 2 adultes 2 enfants !!!
-Il n’y est pas !
-Comment ?
-Il n’y est pas, nous l’avons déprogrammé pour rajouter une salle pour Avatar, qui est déjà complet ….
-Mais vous ne l’annoncez nulle part…
-Je n’y suis pour rien, c’est la direction. Allez voir Arthur et les… ou Loup….
La queue s’impatiente derrière nous de ces palabres.
Je suis abasourdie, Nadja toute rose d’agacement, insiste, puis nous renonçons nous contentant d’un :
-Non, c’est nul !!! rageur, en battant en retraite , vers le froid, la pluie.

On achète en promo le retour du Jedi pour faire cinéma à la maison …
On a économisé les pop corn !!!

ET on se consolera avec Petit Ours dont la cassette a passé et repassé pendant la petite enfance de l’une puis de l’autre et qu’on sait tous par cœur …


Et je me demande, Avatar des avatars, irai-je voir Avatar ?

dimanche 20 décembre 2009

R.Galliano et Acoustic Trio à Oloron








Merci à Richard Galliano, à JM Ecay à Jean Philippe Viret d’être venus jusqu’à nous …
Et au service culturel de « La communauté de communes du Piémont Pyrénéen » de les avoir fait venir à Oloron dans le cadre des « Scènes de Pays… »
Il faisait déjà nuit quand nous sommes arrivés à Oloron le 8 décembre, une heure à l’avance comme à l’habitude. Le lieu de concert –l’Espace Jéliote – était fermé, et seules les veilleuses allumées. Il faisait froid …un seul café brasserie ouvert pour un crème…je me disais « Avec Richard à l’affiche, peut-il n’y avoir presque personne ? »
Et puis les gens sont arrivés, tranquilles, nombreux, attentifs, enthousiastes, heureux…
Pour nous ce fut un très beau concert .
Nous avions entendu et bien aimé Jean-Marie Ecay en direct en octobre à Toulouse, mais jamais Jean –Philipe Viret, et ce fut la découverte en direct du son de sa contrebasse, et surtout de leur jeu en trio avec R.Galliano…
Ce n’était pas l’extrême et presque douloureuse tension du concert de Marciac, perceptible dans l’enregistrement DVD (nous n’y étions pas cette année-là, j’ avais été assez sérieusement malade en juillet 2000) Cette tension même qui contribua à produire un concert mythique aux dires de tous. Legendary concert !
Non ce soir à Oloron ce n’était qu’une très grande concentration , alliée à une confiance détendue entre les trois musiciens , une sorte de bonheur de jouer ensemble et pour notre bonheur de public , un public conquis sans réserve et en toute simplicité .
Ce fut un plaisir de chaque morceau, ceux de Marciac bien sûr (sauf Libertango ou Spleen,) puis l’ incursion de Bébé d’Hermeto Pascual , de deux pièces rêveuses de Love Day , Aurore, et Hymne, premier « essai »public pour cette formation , un extraordinaire duo, Chat Pître avec JPH Viret, plein d’humour et de fantaisie , un solo de guitare de JM Ecay, « Bras dessus, bras dessous » en forme d’hommage à Nougaro pour qui en fut écrite la musique, puis le New York Tango que j’aime sous toutes ses formes, et une merveilleuse interprétation de L’aria en solo, dont RG n’osa dire dans sa modestie qu’il l’avait composé « à la manière de Bach » mais seulement pour célébrer « ce que l’accordéon doit à l’orgue »…


A la suite de ce concert et de la qualité particulière de son atmosphère, je m’interroge une fois encore sur les lieux de musique et de « culture ».
A Oloron, comme à Nogaro, comme à Prades, existe une certaine dimension de la culture.
Des « amateurs de musique » des amateurs de jazz, des amateurs de théâtre aussi …
Qui sont-ils ? Que viennent-ils entendre ? sont-ils des fans de Galliano , des mordus d’accordéon, ou des amateurs de jazz, des gens « cocasses » comme nous, qui font des kilomètres pour entendre jouer en direct ceux qui les ont enchantés, des gens seulement curieux des choses de l’art…Sans doute un mélange de tous ceux-là…
Mais ce que l’on peut dire, c'est que ce mélange produit de temps à autre une alchimie réussie et bienheureuse, un public attentif et concentré qui vibre ensemble et avec les musiciens…
Et bien sûr derrière ce public, il y a ces associations souvent en partie bénévoles, convaincues, tenaces qui permettent de le rassembler !!!
Elles s’appellent Jazzèbre, Des rives et des notes, Accordéon Voyageurs , Les Nuits d'Aquitaine ou Accordéons nous…, elles ont besoin du soutien des régions, des communautés de communes, des communes….
Que grâces leur soient rendues…


Photographies de M.R.
A aller voir , avec bien d'autres dans :
L'autre bistrot des accordéons
...

samedi 12 décembre 2009

Ariane Mnouchkine

Ariane Mnouchkine
ARTE jeudi 26 octobre 22.45
Ce fut un grand plaisir de l’entendre parler avec une conviction intacte de « son théâtre ».
Le Théâtre du Soleil bien sûr, qui, comme l’Illustre Théâtre en son temps, se vit en « troupe » avec partage « d’amour et de détestation ».
Mais aussi sa conception de l’art théâtral, une conception qui me réconcilie personnellement avec le théâtre , un théâtre qui échappe à ce qu’elle pense être « le grand danger du théâtre, le réalisme »… mais qui n'élude pas pour autant la réalité sociale et humaine du monde,qui « l’enchante », et célèbre l’espoir de progrès et d’humanité.

Un grand plaisir d’écouter le récit des tribulations de la troupe, de l’espoir déçu des Halles à la Cartoucherie, d’assister à leurs efforts pour construire ensemble et pour les autres, le public, non seulement un spectacle mais un vrai lieu d’accueil parfois même d’asile.
De revoir des moments forts, la préparation, la représentation de 1789 ou des Ephémères . Le tournage de Molière dans la Cartoucherie transformée en énorme studio.

De découvrir l’histoire de sa quête nomade, sac au dos, d’autres formes de théâtre, d’autres formes d’humanité…

Mais ce que j’ai aimé entre tout c’est la femme qui s’exprimait avec justesse, avec malice, avec énergie, avec chaleur. Une présence saisissante.
De sa sagesse, j’ai noté une phrase qui est de celles qui m’aident à penser devant l’âge qui vient…
A la question : « Craignez- vous de ne plus avoir un jour la force de continuer dans votre projet ? », elle réfléchit et dit :
« Oui, ce que je crains de perdre peu à peu c’est la force de consolation, oui la force de consolation »…
Percevant sans doute l’ambiguïté de la formule (que je ne comprenais pas tout à fait : «consoler qui ???, son prochain ? »), elle précise :
« Oui de ne plus avoir la force de me consoler, la force de se consoler du malheur, de ce qui arrive de douloureux ou de déchirant »
Merveilleux apanage en effet de la jeunesse que d’avoir la force de se consoler du malheur !!! Puissions-nous garder cette force là !!!!

mardi 1 décembre 2009

Les Fêtes de Dax

Festayres
Festayre je suis.
J’ai transmis le gène à ma fille, qui l’a elle-même transmis à Charlotte, puis à Camille.
En somme c’est un gène qui se transmet chez nous par les femmes.
Pour être juste reconnaissons que sous une forme plus atténuée mais active (une forme « acquise ») nous l’avons aussi transmis à nos conjoints, Michel et Sébastien.( et même contaminé un peu ma sœur)

La fête fait partie de ma vie depuis l’enfance, les passe-rue , la folie des manèges avec les petits copains , (un de nos voisins, d’une famille de forains nous offrait des sacs entiers de tickets),les courses landaises, à 11ans les premières corridas d’Ordonez et Apparicio avec un copain aficionado, à 13ans les bals de quartiers avec l’amie complice, (un quartier chaque soir pour danser), puis avec Michel, la passion des corridas et des photos




Puis est arrivée Nadja et avec elle, la folie des manèges, des bals, des courses landaises et jeux taurins, et des corridas. Souvent en famille ou avec des amis, mais plus souvent toutes deux, comme deux festayres complices, dans cette ville familiale et sans souci.



Et voilà le cycle de Charlotte et Camille entamé, la folie des manèges, les jeux de vaches et sans doute bientôt les bals et peut-être les corridas….
Pour elles aussi, la fête aura fait partie de leur vie dès l’enfance…








Mais si les quatre filles sont les festayres majeurs, pour toute notre famille en fait, à l’instar de Noël, les fêtes de Dax rythment nos années depuis plus de 50 ans .
Elles sont comme le sommet de nos étés.
Avant, la fatigue de l’année de travail, les premières journées de mer, la montée du beau temps, l’installation dans les habitudes de plage.
Après, le déclin du soleil, un réveil où se manifeste pour la première fois l’odeur de l’automne, et l’ombre de la rentrée se profilant à l’horizon.
Parfois elles interfèrent avec des évènements familiaux, anodins ou graves, heureux ou malheureux, une crise cardiaque de ma mère, son hospitalisation d’urgence, la mienne, puis le deuil de mes parents disparus, mais aussi, la naissance de notre fille, puis celle des petites, premiers mois de Charlotte, premières semaines de Camille.
Parfois d’autres projets interférent : la stagnation désastreuse des travaux de la maison, une séquence de baignades privilégiées et de très beau temps, un festival de jazz, un concert de Galliano …
Toujours elles occasionnent soucis d’organisation, dérangements, marchés, repassage, lits à faire, trajets en voiture, agacements familiaux…
Parfois selon les aléas de la vie, tristesse voire mélancolie environne cette date, semblant rendre impossible d’y aller …


Mais toujours, malgré tout, finalement, fatigués ou allègres, inquiets ou joyeux, insouciants ou tristes, on s’est retrouvés au rendez-vous…



Néanmoins l’âge venant, parfois, je ne me sens plus gagnée à leur approche par l’impatience et l’élan accoutumés.
« Tout s’élance et je demeure… » dit Colette ...


Et ... il y a le premier jour
L’ouverture « kitch » , commémoration du débarquement de Julia Augusta , discours du maire aux festayres rassemblés sur la place de la mairie …



Et dans la marée de foulards rouges brandis , dans le chœur de ces gens de tous âges qui chantent, tout recommence , une petite émotion qui vous serre le cœur et vous fait verser une petite larme , la joie d’être là encore cette fois avec les autres de la famille et les autres de la fête…





Et il y a le premier « cinquo de la tarde » et dans la galerie sous les gradins, fraîche par tous les temps, le bruit unique de la foule bruissante et impatiente…







Il y aura cinq jours à bader, flâner, marcher, regarder, écouter, chantonner…










Et il y aura le dernier jour,


l’ «Adieu » des bandas réunis dans l’arène, le petit signe d’amitié rituel de notre amie clarinettiste, les foulards, le chœur des chants et la même émotion quand résonne le roulement des tambours et des grosses caisses pour « l’Agur », l’émotion d’être là, et que ce soit fini


Camille et Charlotte, ce soir, comme leur mère jadis, quand s’élèvera la dernière fusée du feu d’artifice final, pleureront d’un gros chagrin d’enfant …

Festayres va !!!!!