dimanche 28 novembre 2010

Musique et cuisine pour notre temps ???











Aujourd’hui, tellement il fait sombre , tellement c’est l’hiver, tellement c’est mouillé… j’ai décidé de m’offrir un petit quart d’heure de réflexion de « vieillouque ».

Je choisis « vieillouque » parce que j’e m’aime trop, pour dire de « vieux C… » ce qui pourtant…
« Vieillouque » , c’est familial et amical : exemples :
-« Tu vas pas t’acheter cette robe de « vieillouque » ma maman ou ma mamou !!!!… »
 -« Parle pas comme une vieillouque … »
 = oui tu peux encore le faire…à ton âge, stresse pas…ou,
 =ne moralise pas … prends pas ton air désapprobateur.
Donc aujourd’hui, je m’accorde quelques minutes pour avouer provisoirement , en bref, que je ne comprends pas parfois ce qu’ils aiment, les "d’jeunes » :

Musique or not musique ???
Café sombre, désert à l’heure du « concert », bondé de jeunes une heure plus tard, qui dansent, certains joliment d’autres pas, mais tous avec implication, qui mangent et boivent et ont l’air d’aimer cette fanfare…
Pour moi que des décibels !!! une batterie boum boum , un tambour qui résonne en cadence, un tuba qui est peut être intéressant ?, un chanteur stylé social club, une trompette très cuivrée, un sax un peu acide… peut-être bon ? , sans doute BONS ! tous ! mais moi je n’entends rien, tout se mêle dans un unisson où mon oreille agressée par le bruit, ou imparfaite, ne discerne aucun instrument …
Un de nos copains anime de temps en temps des soirées « troisième âge ».
Un soir où je lui demandais : Alors, ca a marché ?
Il me répondit : -Oui, bien, il ne faut pas jouer trop fort parce que beaucoup sont appareillés…
J’ai pensé à cette phrase, l’autre soir, ça ne m’a pas rassurée…

Cuisine or not cuisine ?
Ma cuisine je l’avoue, je la fais avec goût : j’essaie de tenir compte de ce qu’ils aiment , mes attablés , de choisir des produits simples mais aussi bons que possible, de faire en sorte qu’on trouve bien leur saveur et que l’un aille avec l’autre …et quand même de ne pas y passer du temps et du temps…
Mais vraiment depuis quelques temps, sur nos petits écrans, que de « chiefs », masters ou mineurs, de dîners presque parfaits, de fourchettes en voyage, …parfois à l’heure justement où on se la fait en vrai, la cuisine, et pour la deuxième fois de la journée !!!
Et je ratiocine devant leurs plats, leurs mélanges, leurs assiettes dressées, leurs raffinements multiples…. :
« C’est comme sous l’empire Romain ! Suétone , ou Tacite, ou ?...,,le disent bien : « c’est la décadence !!! »

Assez ! me direz-vous, ce quart d’heure n’a que trop duré, si le temps est chagrin, cela ne justifie pas que tu deviennes pisse-froid !!!





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jeudi 18 novembre 2010

Le « hasard objectif » André BRETON , NADJA…

J’ai raconté une petite échappée belle à Saint martin du Crau et comment le hasard y avait joué un rôle surprenant et heureux…

Ce récit m’a rappelé la découverte que je fis, il y a bien longtemps, de la notion de « hasard objectif » . En même temps, je découvrais le Surréalisme, André Breton, Nadja…en même temps je rencontrais Michel et notre fille s’appellerait Nadja…

Cette notion a marqué ma vie affective d’alors, et reste en filigrane dans ma vie, ressurgissant assez souvent dans ma perception des événements qui s’y produisent…

Ce que Breton réhabilite sous le nom de « hasard objectif », c’est la vieille croyance en la rencontre entre le désir humain et les forces mystérieuses qui agissent en vue de sa réalisation. Mais cette notion est dépourvue à ses yeux de tout fondement mystique. Il se base sur ses expériences personnelles de « synchronicités » et sur les expérimentations en métapsychique qu’il a observées .Wikipédia


Je pense que ces quelques jours illustrent remarquablement cette notion de hasard objectif :
Le désir humain …Fort désir d’écouter Soledad, intuition qu’ils peuvent se trouver dans cet hôtel lui-même choisi au hasard, hasard du prix, de la proximité et finalement du « pourquoi pas celui-là plutôt qu’un autre , allons-y »…

Intuition qu’ils peuvent être logés dans cet hôtel, simple, pas très cher, mais neuf et confortable….

Désir depuis la sortie de son disque d’écouter le Bach de Galliano en concert, longue quête, Paris trop loin, trop cher, obstination, insistance, pas de place à Blagnac dans un premier temps, , puis places à Blagnac finalement (merci à JM de B !) et toutefois nous (Michel n’est pas le dernier !) persistons sur St Martin…

Evénements...Le soir on s’arrête au resto Saint M… parce que des manouches y jouent –fort bien -de la guitare, je me laisse inviter à danser, moi qui ne danse plus, on y revient le lendemain, on parle avec la patronne, on apprend que Galliano y mangera, on y va…et….cetera…


La lecture de Nadja a été pour moi une découverte fascinante, et la notion de hasard objectif une notion qui, dans les angoisses du vécu, de manière assez paradoxale, me donnait une confiance un peu irrationnelle en l’avenir. En ce sens qu’elle donne confiance en la réalisation du désir, promet une coïncidence avec les désirs profonds et la survenue effective des événements.

Parfois quand les choses sont un peu grises et décevantes, je me dis, "il va arriver quelque chose de positif, de lumineux, « un hasard »…"

Bien sûr ce hasard « objectif » ne nous est pas si extérieur que ça, il ne se produit pas indépendamment de nous : je me suis acharnée à aller Saint martin de Crau, Michel s’est acharné à téléphoner pour avoir des places idéales, au lieu de retenir sur internet , un ami de blog et de mail, complice de ses goûts musicaux, lui a annoncé le concert de Soledad , qui a lieu, coïncidence , la veille….j’ai franchi les trois mètres qui nous séparaient de R.G pour lui parler, il nous a annoncé Mourenx ….



Il est parfois, parfois seulement bien sûr, bien DOUX de faire confiance au hasard…




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mardi 16 novembre 2010

L’été de la Saint Martin…(du Crau !)

Partis de Toulouse vendredi 12 novembre, jour de la Saint Martin, dans la pluie et la grisaille. L’autoroute s’élargit .progressivement en une trois- voies façon corrida, joyeusement animée, tandis que le ciel se découvre petit à petit, allègrement balayé par un grand vent sec, plutôt tiède mais radical…

A Saint Martin du Crau, il y a deux rues de « belle » platane. C’est « marché « jusqu’ à deux heures à peu près». L’hôtel, simple, et neuf, murs blancs, carrelages clairs, pièces vastes et nues, présente à mes yeux un petit aspect provençal …

Les Alpilles toutes proches ont des carrières désaffectées et des villages fortifiés…

Après une belle promenade aux Baux , splendides, mais aux abords « façon Mont Saint Michel »,cohue de voitures et de visiteurs, où soudain en s’écartant du flux du grand chemin, des ruelles contre toute attente désertes, révèlent maisons en ruine et jardins en friches, nous renonçons à la foule de saint Rémy pour nos préparer à nos rendez-vous si attendus et depuis si longtemps préparés : SOLEDAD et GALLIANO SEPTET…

Des deux festins musicaux je parlerai plus tard (à moins que je laisse au talent du « Bistrotier des accordéons » le soin de les évoquer) pour ne retenir ici que les deux rencontres, que nous offrit le hasard « objectif », et qui ensoleillèrent ces deux jours comme soleils d’été de la Saint Martin…

Le premier soir l’intrusion, par erreur de clé, dans notre chambre, des musiciens de Soledad : confus certes, mais surtout drôles et attachants, et quelle merveilleuse occasion de les rencontrer et d’échanger sur tout le bien que nous pensons de leur musique…

ET le deuxième soir, dîner au restaurant… à quelques mètres de Richard Galliano et de son sextet, dans lequel je note aussitôt le retour (depuis Odyssud de Toulouse) de Jean Marc Apap que j’apprécie particulièrement …Affreusement intimidée, certes, terriblement subjuguée bien sûr, je réussis toutefois (parce que j’aurais toujours regretté de ne pas l’avoir fait) à oser aller dire à R.G combien nous aimons sa musique, et comment nous nous attachons en quelque sorte à ses pas…Accueil chaleureux, échange simple sur ce que nous apprécions, petit signe amical en fin de concert …

Que demandent de plus deux fans, « cocasses » comme vieux ados !!!



Pour conclure à la manière des chroniqueurs des corridas, salle aux « trois quarts pleine » vendredi, comble samedi pour Richard !!! Places excellentes* au premier rang !!! Température de salle chaleureusement estivale !!!



Depuis notre retour, il pleut déluge. La météo affiche « rares averses » ! Mais quelles averses en vérité !!!



*Merci au personnel des réservations …
*Félicitations au passage aux organisateurs d’avoir pu offrir deux concerts d’aussi grande qualité sur un week end !!!




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mardi 9 novembre 2010

Quand ma mère retournait…. ses draps !

Ce matin en faisant le lit, je découvre un accroc d’usure en plein milieu du drap de dessous.
Michel me dit :
« Je l’avais vu hier en le faisant, j’aurais dû te prévenir tant qu’il était temps…
-Temps de quoi ? il est usé, je ne vais tout de même pas repriser les draps ! (= « tout de même », comprenez, même si c’est la crise, que notre revenu ne s’arrange pas..)On le lave, on le jette, non, on le découpe, c’est de la bonne toile…pour nettoyer les vitres !!!
C’est alors que je revois l’image de ma mère penchée comme nous sur un lit à faire, se mordillant la lèvre inférieure comme elle le faisait quand elle réfléchissait à un problème technique, de couture en particulier, et disant : « Je vais le retourner !!! »
Cette phrase me laissait alors perplexe, retourner ? Pour retrouver la même usure sur l’envers ?
Mais il ne s’agissait point du tout de mettre à l’envers. La recette était toute simple…et efficace :
  • Tailler le drap sur son milieu dans toute sa longueur.
  •  Placer les 2 panneaux obtenus côtés au milieu, et centre sur les bords…
  • Coudre sur le milieu.
  • Ourler finement les bords (la partie usée) en essayant de conserver le maximun de la largeur…
Et voilà un drap qui fera encore de l’usage !!!!

En somme, retourner les draps, les cols de chemises, les poignets d’icelles, on le voit, n’a pas le même sens que retourner sa veste !!!.
Nous ne sommes guère plus riches que ne l’étaient mes parents, mais c’était un tout autre temps, un temps où on « ne jetait pas », on réparait, on ravaudait, on cousait …
Je trouve parfois en repassant, dans des nappes ou des jetés de table qui nous viennent de nos grands-mères, des reprises si fines qu’on croirait de fins damassés brodés Comme de délicates signatures des mémés disparues !!!
Il faut dire que mon industrieuse mère pouvait en revanche s’offrir le petit luxe de faire « venir » Coco , une lingère, pour « donner quelques points »….et l’aider dans ces travaux de couture…
Un tout autre temps en vérité !!!



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jeudi 4 novembre 2010

Roald Dahl, L'homme au parapluie

L’homme au parapluie, Folio Gallimard
Depuis le merveilleux film de Tim Burton, on a relu souvent Charlie et la chocolaterie. Et bien sûr on a aimé aussi Le Fantastic Mister Fox. Ce Fantastique Maître Renard fut un best seller de nos travaux de lecture au CE, et le « votre père est fantastique » une phrase que nous aimions à citer, un clin d’œil de connivence entre collègues ou avec les enfants.

Et voilà que je retrouve en cherchant lecture pour Camille cette nouvelle que j’ai relue avec délices.

A Londres, pluie battante. Une petite fille( 12ans ) et sa mère. Point de vue de la petite fille, R.Dahl y excelle ! Après dentiste , banana split pour chasser le goût…Recherche vaine d’un taxi. Rencontre d’un vieux monsieur bien élevé , un vrai gentleman eu égard à ses souliers marrons. Méfiance et froideur de la mère (qui se méfie en particulier de deux choses : les hommes qu’elle ne connaît pas et les œufs à la coque.) Le toise avec hauteur quand il demande un service. Pire ! 10 livres pour prendre un taxi, il est si fatigué( et pas tout jeune ). Mais nuance, il ne demande pas l’aumône !!! Il échangerait son parapluie-en popeline de soie –contre ces dix livres….

Il pleut fort et c’est un bien joli parapluie…qui vaut bien plus de 10 livres ! finalement la mère donnerait bien les 10 livres par compassion pure pour la fatigue du très vieux monsieur. Mais non !!! Non !!! Pas question ! Il tient à le leur donner !

Affaire conclue.. On se sépare. Et bien abritées désormais sous le beau parapluie , mère et fille voient le petit vieillard s’éloigner et tourner le coin …en trottant ma foi avec agilité …..

Où va-t-il ? le suivrons-nous ? le suivrez-vous ? moi c’est déjà fait….

Folio Gallimard…



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mardi 2 novembre 2010

Perrone, le Grand

Comme je disais à ma fille il y a quelques jours pendant les grèves :

« - Il faudrait que je puisse rentrer à Pau, samedi, on va voir Perrone !!!!
- Perrone ?
- Oui .
- Perrone… !!!! Perrone le grand ?

D’où venait cette stupéfaction ? Que je n’aie pas annoncé plus tôt l’évènement ?
Qu’il se passe à Pau, plutôt déshérité de l’accordéon ? Je ne sais.
Mais quoi qu’il en soit… c’est bien cette épithète que je retiendrai !!
Car grand, grand, fut le plaisir de l’entendre à nouveau…

Michel a écrit deux notes qui expriment mieux que je ne le ferai moi-même la prégnance de « ses petites chansons » et leur pouvoir de nous obséder, l’ humanité de ce « passionné flegmatique », son engagement souriant, la complicité qui le lie depuis un si long temps à M.O. Chantran et à A.Minvielle, « son talent à tisser ses créations avec sa biographie »…



Je me contenterais de dire ce qui m’a frappée particulièrement dans le plaisir de ce concert, le sentiment esthétique et émotionnel du contraste.

Contraste entre l’ allégresse du rythme « enlevé » des mélodies qui donnent à danser, mettent le corps en mouvement, et l’impression de faiblesse qui parfois alourdit le corps, ralentit les mains de Marc Perrone. L’énergie chaude et comme vitale du son de son accordéon vs le voile de tristesse et de lassitude qui vient parfois ternir le regard…

Contraste entre sa qualité d’ « originaire », qu’il revendique avec une tendre dérision ( « on doit le faire plus que jamais par les temps qui courent !!! ») son origine de « rital au fisarmonica », sa fidélité assumée à ses racines italiennes « non dimenticare !!! » et le caractère si français de sa musique . France de Paris et du musette, , souvenir de la barre des 4000 « où l’on était heureux », France du 9- 3, de la Courneuve, et d’ Aubervilliers « où l’on est encore heureux » nonabstant la mauvaise réputation !

Contraste entre les entrelacs dans sa musique des rythmes trad, valses musettes ou tarentelles , voire rondeaux de mon pays landais, contraste du diatonique « de tradition rurale (!!! )» et de la vielle à roue, avec les thèmes si résolument urbains, de la rue, des machines , des trains , ou de l’usine, où les percussions si délicatement et remarquablement jouées par Minvielle et le chant scatté de Marie Odile, viennent souffler un si joli vent jazzy !

Contraste entre le voyage, thème récurrent, qui va et vient comme le soufflet, qui court en filigrane dans sa poésie d’une petite chanson à l’autre, et l’immobilité grandissante qui semble l’envahir….



J’aime le contraste comme principe esthétique , dans la musique , la poésie et la peinture . J’aime les noirs de Soulages sur leur toile blanche. J’aime dans les récits que la Brune et la Blonde, Laurel et Hardy, Don Quichotte et Sancho, Narcisse et Burrhus, Candide et Cacambo s’éclairent réciproque ment par leurs différences.

Comme dans le clair obscur l’obscur donne relief à la clarté, qui fait elle-même ressortir la riche complexité de l’ombre.

Et je l’aime aussi parce que je pense que dans le contraste se construit notre identité , comme dans un collage harmonieux, ou disharmonieux, voire surréaliste, d’où naissent notre style et notre personnalité…

Les contrastes de Marc Perrone , le rital d’Aubervilliers, sont beaux et touchants , à l’instar de sa musique !!!









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