vendredi 30 septembre 2011

Enfances croisées ou "les devoirs du soir"...

Il était une fois une petite fille, soucieuse de bien travailler à l’école, mais plus encore éprise de promenade, de lecture, de cinéma. Car à cette époque la télé n’existait pas …chez elle…
Ce qu’elle aimait bien, c’était aller en classe, y apprendre des choses , rigoler avec les copines, se moquer des « demoiselles » qui enseignaient au « Lycée classique de jeunes filles » …Mais quand elle sortait de classe,  après avoir flâné sur le chemin du retour avec Cécile , qui tournait à la première rue à gauche, et Danièle, sa voisine, qu’elle accompagnait chez elle un peu plus loin dans l’allée avant de rentrer, après avoir goûté, « tchaché »avec son père ou sa mère, quand ils étaient là, quelle aubaine !!!, ce qu’elle n’aimait pas, c’était de faire ses devoirs…

Le soir néanmoins, c’était assez vite plié, après on pouvait encore jouer un peu au Jokari, par le beau temps d’automne ou de fin de printemps. Ou bien inventer d’interminables scénarios aves les poupées alignées, Roger le baigneur, et le Lapin rose….

Mais le samedi soir et surtout le dimanche, l’idée de ce travail lui pesait comme un pensum…Pendant bien des années, elle put s’en libérer au plus vite. Mais vers les années de collège, ayant donné à ses parents la mauvaise habitude (contre laquelle sa sœur aînée l’avait pourtant énergiquement mise en garde : « Ne sois jamais première, jamais ! tu serais coïncée ma petite !!!! ») d’obtenir d’excellents résultats à l’école, elle se trouvait tiraillée le dimanche entre les devoirs à faire et toutes les choses délicieuses qu’on peut faire ce jour-là, coudre les habits de la poupée Françoise, aller courir le bois de Seyresse, lire la bibliothèque verte commencée le soir précédent, et surtout, surtout, aller promener avec les parents, son père en particulier, le dimanche matin, lui qui aimait aussi « visiter », flâner dans les rues… Ô les dimanches en week end à Bordeaux, chez les grands parents, ô les pavés, ô les camelots du boulevard Victor Hugo, ô les Puces de saint Michel….
Les dimanches après midis d’hiver, il y avait aussi parfois cinéma, ô Quo Vadis, ô Scaramouche …,avec Eliane ou Cécile, ou –à défaut la « dévouée » Mérotte, qui en fait adorait les « technicolors » américains .

Mais les devoirs, les devoirs dans tout ça ? Ils étaient le petit creux à l’estomac, le délice de la mauvaise conscience, le scrupule du dernier moment. Et à ce moment- là, c’est à Payou qu’il fallait confier ce scrupule juste avant de partir…
Parce que ce Payou -là disait : « Allez viens ! Il fait trop beau pour ne pas en profiter ! ou bien : Ce film après tout ne passe que ce dimanche…tu te dépêcheras en rentrant, s’il faut je t’aiderai !!! »



A peu près à la même époque grandissait de son côté un petit garçon, avec une raie bien droite dans ses cheveux lissés et un « kirbigrip » (= petite pince à cheveux) pour tenir la mèche rebelle.
Avant de rentrer, il avait un long trajet en tram d’abord, puis à pied, car il avait eu la chance d’être admis au Lycée de garçons de Bordeaux, le lycée Montaigne ! Alors que franchement !!! son milieu social le destinait plutôt, comme d’ailleurs son lucide, compréhensif, et progressiste, !!! instituteur de CM l’avait dit à sa mère, à une scolarité « courte » au cours complémentaire de Bègles . C’est là qu’il habitait, un lotissement plein d’enfants , agréable, entouré de champs , que longeait un joli estey( un petit ruisseau ) qui partait se jeter dans la Garonne.
Quand il rentrait donc, pas très tôt, après la classe, le champ avait des allures de terrain de foot où jouaient plein de gosses…
Ce petit garçon aimait bien le foot, et même il était assez doué à ce jeu…
Mais ce qu’on lui disait, c’était : « Tu iras jouer après, il faut toujours faire tes devoirs d’abord, tu iras après, après avoir fini tes devoirs »
Devoirs qu’il faisait soigneusement, scrupuleusement, longuement...

A l’automne, comme chacun sait, même s’il fait beau, la lumière tombe vite…
Et les devoirs finis, c’est devant un terrain déserté que le jeune garçon se trouvait . Les autres étaient allés «faire leurs devoirs » !!!

Bien sûr, j’ai dû apprendre à sacrifier mes dimanches, et mes soirées d’automne aussi bien que d’hiver, pour faire mon travail…
Bien sûr ma philosophe de vie, le métier que j’avais choisi, ont ancré en moi la conviction que le changement est possible, que l’éducation, les rencontres, un certain volontarisme rendent possible un changement ou une évolution personnels. J’ai toujours refusé d’admettre qu’on ne pouvait changer. En tant qu’enseignante d’abord puis comme formatrice, j’ai toujours haï comme criminels les destins prédits aux enfants et lutté contre les : « Il n’apprendra jamais à lire. Il est bête. Ce sera toujours un récalcitrant, Il n’est pas « doué ». Il sera toujours difficile, agité etc »…Navrée quand les faits me donnaient tort. Persuadée aussi que la prédiction était en partie responsable de ce devenir.

Mais à mesure que j’avance en âge, je suis de plus en plus frappée par la force des empreintes d’enfance. Diderot, par la voix du Neveu de Rameau (Rameau, le grand Rameau) s’enrage contre « La maudite molécule paternelle » !!!!
Je ne pense pas à un déterminisme par les gênes ou les molécules mais simplement à l’influence déterminante de l’enfance vécue.

Je demeure malgré les changements que j’ai construits en moi au long de ma vie, la fille de ce père indulgent, aidant, dilettante, lui-même tiraillé entre le désir de réussite sociale ou de travail intellectuel, et son goût des choses de la vie…Je demeure quelqu’un du dernier moment pour rendre sa copie ou finir son travail…

Quant au petit garçon au « kirbigrip », je le connais un peu, et je pense que, malgré son goût pour les surréalistes, la peinture, l’accordéon et les balades, il est resté et je ne veux pas dire (j’ai expliqué pourquoi ), "restera" toujours celui qui fait d’abord ses devoirs !

lundi 26 septembre 2011

Les nacres de Tulle, une petite bulle irisée dans le ciel de l’automne…

Nous n’étions jamais venus nous balader dans les Nuits de Nacre. Cette année la programmation était trop tentante , Marcel Azzola et sa carte blanche, dont Lina Bossati et Daniel Mille , Chango Spasiuk fil rouge, Jean Luc Amestoy pourtant notre "pays" , mais si rare,.. tous si rares, trop rares…avec de surcroît Lionel Suarez, entendu avec Minvielle récemment, puis en quartet avec Minino Garay, mais qu’on aime toujours réentendre, tant il est inventif de nouvelles formations, et de surcroît D.Ithursarry, et Vincent Peirani jamais entendus en live , dont les disques nous sont chers…

Bref, nous sommes partis pour cette étrange petite ville toute en longueur qui encastre dans l’étroite vallée de la Corrèze d’immenses blocs des années 60, assez laids et kafkaïens, et étage sur l’escarpement de ses berges immeubles et quartiers, sans doute traces d’une prospérité disparue…

Le soleil et même la chaleur étaient au rendez-vous de sa métamorphose en cité de la musique, une musique vouée à l’instrument qui fit la gloire de ses fabriques, et qui balaie de son souffle depuis des décennies la bruyère de ses sous bois…

Et nous avons bien trouvé dans la tiédeur des soirées jusque tard dans la nuit les merveilles attendues…

Marcel Azzola dont le son léger et vibrant , souple et plein, inspire l’équilibre et le sérénité, Marcel qui défie le temps qui passe, célèbre avec ferveur l’accordéon en choisissant si bien ses interprètes, et chante avec fidélité le compagnonnage et l’amitié: j’ai aimé particulièrement découvrir Lina Bossati, son merveilleux piano si justement accordé au jeu de ses compagnons accordéonistes, ainsi que Sylvain Luc et Diego Imbert, et…j’étais ravie que soit présent au rendez-vous Daniel Mille ,
  



 Enchantement poétique total, accordéon, mélodie, voix…on aimerait que le temps suspende son vol !








  
Que dire de Spasiuk ?

Son abord passionné, chaleureux mais toujours distant, comme regardant ailleurs, tourné vers le monde de sa musique…

Que dire  ? Sinon qu’il m'apparut  plus que jamais comme le « vates » inspiré du Chamamé, tantôt égrenant ses mélodies avec douceur et tendresse, tantôt s’enflammant en frénésies qui transportent ses compagnons musiciens et les spectateurs. En duo confidentiel avec son chanteur guitariste Marcello Dellamea, ou cinquième élément meneur de jeu des quatre compères accordéonistes…






Que dire des quatre compères sinon qu’ils furent exceptionnels !



 
Tous différents de style et de sons tous beaux. Ils surent à l’instigation de Lionel Suarez s’accorder en des duos ou des solos où s’exprimait leur style propre et parfois, avec Chango en particulier, se fondre et de joindre dans des ensembles éblouissants. Je retiendrai de tous ces bonheurs les prodigieux Libertango et Indifférence à cinq. Le duo basque enlevé d’ Amestoy et d’Ithursarry, le duo Suarez Amestoy, mélodique et nuancé, la saisissante improvisation de Peirani.
Et les rappels ! Les rappels…

Impossible de se rappeler tout avec précision, tant le vécu esthétique et émotionnel fut intense.






Plaisir d’écouter en live la musique, qui semble se construire dans le temps du concert pour notre écoute et sous nos yeux… les échanges de regards et de signes, les postures, les changements de physionomie, en rendent visibles la texture. Et la combinatoire des interventions, sans doute prévue, donnent pourtant l’impression d’une création quand se rencontrent les instruments . L’improvisation de Vincent Peirani, pour moi excellente, nous mène de surprise en surprise, sans qu’il n’y ait rien d’hasardeux dans sa construction…



Plaisir accru parce qu’on connaît certains d’entre eux personnellement, l’impression qu’ils jouent pour nous…

Plaisir augmenté du plaisir d’être partagé avec nos amis de Toulouse et Trentels, qu’on vient de rencontrer de manière imprévue…







Bien sûr notre admiration pour Spasiuk est telle qu’on ne peut s’empêcher de regretter de ne pas l’avoir entendu, ainsi que Raul Barboza (pour qui nous éprouvons une égale admiration !) dans cet excellent lieu d’écoute qu’est le "théâtre des 7 collines". Car ce petit « Espace Galliano » outre son exigüité, ne rendait guère justice à la beauté de ses sonorités, parasitées par la « chanson » de la clim et les rafales des reflex…



Car bien sûr il y a quelques regrets…
Le Magic Mirror ne fut guère magique pour le son : portes ouvertes, ou battantes, bruits de caisses …de boissons, avec commentaires des bistrotiers, déambulation quasi permanente du public, en cours de morceau parfois !
Le chapiteau lui, est grandiose !!!, en tout cas grand,très grand : si large que les places latérales ne permettent pas de voir Daniel mille, si profond que le son de Sanseverino n’est pas bien perçu au fond…Nous avons finalement préféré les places latérales !!!!
Car pour une fois nous n’avons pas fait la queue une heure à l ‘avance pour être bien placés comme nous en avons l’habitude : nous voulions aussi écouter Chango et Marcello Dellamea…

Regret d’une programmation si riche qu’il fallait choisir…alors que l’après midi était un peu vide…

Regrets encore :
Trop de fantômes au pôle accordéon dont on comprend que s’il s’agit  de la plus belle collection d’accordéons de France, c’est une collection d’accordéons conservés, emballés, archivés , protégés, bref invisibles !!!
Trop de reflets sur les superbes photos de Rinaldi…à la Médiathèque très spectaculaire et réussie…

« Trop bien », en revanche le théâtre des 7 collines, qui nous parut parfait et dont on aurait aimé qu’ il abrite tous les spectacles que nous avons aimés …mais !!
Trop délicieuses, les rencontres de hasard avec nos accordéonistes de prédilection…
Trop agréables, la découverte imprévue d’accordéonistes inconnus : Sonia Rekys , nous vous écouterons certes et souvent !!!
...Une discussion à l'issue du concert "le cinquième élément" avec une spectatrice  inconnue, que nous ne nous décidions pas à interrompre tant nous avions plaisir  à partager nos enthousiasmes..

…Et très précieuse, une petite échappée, pause et  recueillement, dans le silence et le soleil du cloître…




Mais en tout cas, c’est certain, il y a un REGRET que nous n’avons pas, non !!!!

VRAIMENT !!! NOUS NE REGRETTONS PAS D’ETRE VENUS POUR CES NUITS DE NACRE…!!!!



Nous aurons du mal à rentrer dans notre quotidien d’automne !



dimanche 25 septembre 2011

Dax… que les fêtes recommencent !!!!

Il y a une tonalité qui pour moi caractérise les fêtes de Dax, c’est une tonalité conviviale, bon enfant, quasi familiale…

C’est peut-être parce qu’effectivement elle sont pour nous familiales, jouant le rôle rituel d’un Noël estival, qui nous réunit chaque année sous le soleil d’Aout…
Depuis ma plus tendre enfance, elles ont marqué le sommet de mes étés ; elles marquent maintenant le cœur des étés de Camille et Charlotte, après avoir marqué ceux de Nadja…

Chacune de leurs célébrations porte la marque de nos événements familiaux, mariages, naissances, disparitions, maladies.

Et toute la ville les vit « famille », toutes générations mêlées…
 
















Elles demeurent aussi pour nous malgré leur allégeance à la feria espagnole, profondément landaises et dacquoises, la daube de toro y côtoie l’axoa et le confit, le magret, le foie gras et le bœuf de Chalosse, à la promotion duquel est consacrée la première journée de fête, en même temps qu’aux danses gasconnes, aux vaches « de course » ou coursayres, aux dentellières , aux mules et aux superbes « barthais » de trait …



Et de l’ouverture à la fermeture, on se retrouve « tous à table »…


Bien que dernière venue à Dax, ma mère et son père étaient landais, mon père y vint travailler quand j’avais deux ans, je pense que je fus depuis toujours la plus festayre de tous, les entraînant à ma suite, aux manèges, puis aux jeux taurins, puis aux bals du soir qui enflammaient successivement tous les carrefours du centre ville…

Mes héritières les plus passionnées sont mes trois filles, Nadja, qui à son tour y entraîna Sébastien, et ses filles qui désormais nous entraînent...

Chaque année qui passe, me trouve un peu plus lente à entrer dans la fête, à prendre le pas , à tenir le rythme . Mais chaque année aussi je suis entrée dans la danse , émue quand l’ouverture nous rassemble dans la foule de mes « païs » , heureuse de chanter en chœur…
Chaque année les derniers feux …d’artifice.. marquent la fin de ce moment à part, de ce temps suspendu, et nous remplissent d’une mélancolie partagée…

Quand j’étais enfant, ce dernier soir , je me disais avec désespoir , pensant que l’été allait finir, pensant à tout ce qu’il faudrait faire entre temps, « rentrer », travailler, plus tard repartir en pension à Bordeaux, passer l’hiver … :

« Quand, mais quand vont-elles recommencer les fêtes de Dax ???... »



Récemment la petite cité de Vic a décidé de surseoir à ses fêtes, pendant deux ans, épuisée par l’affluence de public extérieur qu’elles attirent , et débordée par les soucis de police que cet afflux de population nécessite…

Et la presse locale du coup mentionnait que les Dacquois à leur tour s’interrogeaient sur la gestion de cet événement qui attire plus de dix fois sa population locale…



Mais alors TOUS, nous TOUS, petits et grands, avons crié :

« Pourvu, mais pourvu qu’ils ne nous les suppriment pas, NOS FETES !!! »


 

mercredi 14 septembre 2011

Arts naïfs

Nous avons découvert il y a quelques jours deux musées d’Art naïf dans le Gers

Grâce à l’abondance et la  qualité des œuvres exposées c’est un monde que l’on y découvre.
Ma conception, plutôt vague, et –oserais-je ? – « naïve » de ce type d’art, en bref l’idée qu’il s’agit de peintres ou créateurs n’ayant pas de formation picturale, des autodidactes en somme, ma conception donc a largement été mise en cause par cette balade à Lavardens et à Béraut !

D’habileté technique,… ces œuvres en débordent.
Sans doute ces peintres peut-être ignorent ou n’ont pas appris les lois de la représentation picturale, mais ce qui certain c’est qu’ils les ignorent au sens de les dénier, qu’ils n’en tiennent pas compte, ils en sont affranchis .Il ne s’agit pas forcément d’erreurs, mais de non observance.





Meron Michal




En ce sens ils ignorent les échelles de grandeur. C’est le sens de l’objet, sa valeur dans la toile qui en fixe la taille et l’importance.
Ils ignorent la construction de l’espace en plans premier ou arrière.
Ils ignorent les règles de la perspective, leur monde tient tout entier à plat dans les deux dimensions de la toile.











Art populaire, Equateur

Ils dénient souvent la loi de la gravité .Pas de réelle frontière entre ciel et terre, les objets et les personnages, volent dans le ciel ou les hauteurs sans menace de pesanteur.







Les signatures sont aussi peu conventionnelles, voire un peu provocatrices : X ouvrier, Y, cuisinier, Z policier etc…
Pas non plus d’observance des autres conventions sociales : tendre dérision dans les images de religieuses, ou d’un Christ dont la croix prend racine et produit des fruits,
Souvent un soupçon d’érotisme, la courbe d’une fesse sous une robe de religieuse qui s’envole, des femmes nues et incongrues se promenant dans tout un paysage urbain de rues ordinaires…

Les personnages fourmillent, fins, précis, colorés, parfois tous représentés dans la même posture comme l’étaient les personnages Egypte ancienne…




Marion Reiman


Et comme sur les nappes malgaches, ces petits personnages vivent et nous racontent des histoires de tous les jours, des histoires de sans grade…









Evidemment on pense aux enfants pour qui la représentation symbolique prime sur tout souci de vraisemblance ou de réalisme











Evidemment on pense aussi aux Surréalistes qui furent les premiers à imposer ces peintres comme des artistes à part entière











Mais encore, en les regardant et en suivant leurs histoires peintes, c’est à Apollinaire que je pense.
Souvent, et c’est aussi en cela qu’il m’a toujours intriguée et séduite , les images d’Apollinaire me semblent avoir cette naïveté affichée, qui est surprise et plaisir esthétique.

J’en ai choisi quelques-unes, qui à mon sens, auraient toute leur place dans les galeries du musée de Béraut.

Bergère ö tour Effel le troupeau des ponts bêle ce matin

C’est le Christ qui monde au ciel mieux que les aviateurs
Il détient le record du monde de la hauteur


(Zone)





Les anges les anges dans le cie
L’un est vêtu en officier
L’un est vêtu en cuisinier
Et les autres chantent


(La blanche neige)


Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant lentement s’empoisonnent…
Les enfants de l’école viennent avec fracas
vêtus de hoquetons et jouant de l’harmonica

Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant
Les vaches abandonnent pour toujours
Ce grand pré mal fleuri par l’automne


(Les colchiques)





Au tournant d’une rue je vis des matelots
qui dansaient le cou nu au son d’un accordéon


(Mes amis m’ont enfin…)

Nous planterons des fleurs et danserons en rond
Jusqu’à l’heure où j’aurai perdu ma jarretière
Le roi sa tabatière
L’infante son rosaire
Le curé son bréviaire

(Salomé)

Tu regardes les yeux pleins de larmes ces pauvres émigrants
...
Une famille transporte un édredon rouge come vous transportez votre coeur
cet édredon et nos rêves sont aussi irréels...

(Zone)

dimanche 11 septembre 2011

La fascination des cloîtres

Lors de nos balades à la suite de nos joueurs de fisarmonica (mais pas que…) favoris,  nous rencontrons souvent de superbes abbayes, romanes en particulier (mais pas que…)

Le couvent des Jacobins, Toulouse




Et la plupart du temps nous restons fascinés, nez levé vers la splendeur des voûtes élevées jusqu’au ciel.
Formes diverses, clés gothiques ou berceaux romans, toutes chantent l’élevation de l’esprit vers les cieux…






Mais en fait ce qui nous fascine bien davantage, c’est, une porte banale franchie, l’entrée dans le cloître. Qu’il soit superbement ouvragé, ou rustiquement bâti, ce lieu géométriquement clos , nous communique immédiatement une sorte de paix et de sérénité .









Abbaye de Flaran, Gers

 Est-ce l’équilibre du carré dans lequel s’inscrivent d'autres formes régulières, massifs carrés ou simple bassins ronds?
Est-ce l’équilibre des colonnades où le soleil se joue?










La naïveté des chapiteaux?
Ou la simplicité du pavé des péristyles usé par la trace de tant de pieuses foulées ?





Peut-être en fait,  simplement la « clôture », le sentiment d’un abri trouvé à l’écart de l’agitation du monde, ses tracas, ses incertitudes …



Quelque part sur les côteaux de Prades

Abbaye de Sarrance, Pyrénées Atlantiques
Si certaines de ces retraites respirent austérité et dénuement, d’autres, où une lumière méridionale chauffe la pierre, et exhale le parfum des simples, inspirent l’impression d’un asile chaleureux .












Des connotations ne manquent pas alors de m’amuser, ou m'émouvoir.
-Un souvenir de mon père, athée convaincu et serein, s’écriant, quand trop de tracas, de dérangements et  d’agitation, le tourmentaient :
« Moine, je vous le dis, j’aurais voulu être moine !!! un cloître ! nom de D…, j’aurais aimé vivre dans une clôture !!! "
Ma sœur et moi écoutions, consternées, ces imprécations, qui nous semblaient nous rejeter au néant, nier notre existence…
 Jusqu’à ce que nous délivre le rire, clair, incoercible, musical, de ma mère !
« Moine ! Toi mon chéri !!! Tu aurais eu du mal ! Tu aurais manqué de beaucoup de choses !!! »
Nous ne saisissions pas alors toutes les implications de cette remarque, observant seulement qu’elle avait pour vertu de faire rire mon père à son tour !

-Cette tentation de jardin clos( pléonasme, comme je viens de l'apprendre, puisque "jardin" veut dire cloturé) , et de culture autarcique entre ses murs me rappelle ensuite un symbole familier, celui du jardin du sage que rencontre Candide ,ce jardin d’où il ne sort jamais, mais dont la culture est prospère par le travail familial…Un symbole à la signification bien ambiguë:
« Je ne m’informe jamais de ce qu’on fait à Constantinople ; je me contente d’y envoyer vendre les fruits du jardin que je cultive »

-Enfin, la beauté harmonieuse de ces cloîtres me parle forcément, ne se « retire »-t-on pas en ces lieux , de ce statut social qui est le nôtre ? Et de toutes mes divagations sur le sens du mot « retraite » et du concept qui va avec !!!


Tentation certes :
« Pour vivre heureux vivons cachés … ! »
Mais tentation trompeuse qui ne tient pas ses promesses…

 


jeudi 8 septembre 2011

Les Misérables, rencontres…


Jean Valjean, Jean Gabin....

Mon amie sur Facebook , Francine, rappelle avec bien de la pertinence le remarquable et engagé discours de Victor Hugo en 1849 à l’Assemblée Législative….

Ces derniers jours, Charlotte, je ne sais ce qui lui a inspiré ce projet, m’a réclamé une édition « lisible » des Misérables…que je lui ai cherchée..
Forte de mon idée qu’adaptation, transcription, traduction des chef d’œuvres ne sont pas lèse-majesté , que Jean Valjean, Fantine, et Cosette valent bien quelques accommodements …du texte, j’ai cherché et à peu près trouvé une texte adapté lisible. A condition que, foin du texte intégral, l’histoire du moins soit complète, ce qui me posa quelques problèmes, le tome 3 étant introuvable en plusieurs librairies, à l’étonnement feint ou réel de la responsable du rayon jeunesse.
Tome 3 commandé, âme en paix, je tombe sur cette note de Francine sur FB, et m’en vais feuilleter mon édition de jeunesse, ô combien intégrale ! chez Garnier !!!

…Et retrouve la phrase en exergue, remarquable par son éloquence et la rhétorique de sa syntaxe mais par aussi par son humanité exaltée …La phrase d’un poète en exil :
Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement , en pleine civilisation, des enfers , et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle , la dégradation de l’homme par le prolétariat , la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que dans certaines régions l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes ,et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles.

Hauteville –House , 1/1/1862



Après elle, la longue introduction de mon édition, débattant du réalisme de Victor ?, de la finesse psychologique des personnages ?, de son intérêt sociologique et politique de l’œuvre ?, de sa situation dans le Romantisme ? ….
….S’inquiétant que "le roman ait encore un public, mais que les doctes le méprisent "…
…Cette introduction savante n’est que dérisoire pour moi !!! Hors sujet en somme !!!











 
 
 
 
 
 
Enjolras, Gavroche...  Reggiani...
La révolution en marche...