mardi 3 avril 2012

Bourg Saint Andéol : une belle journée italienne :24 mars, le soir : Claudio Jacomucci , solo


Le soir donc, après les bien prometteuses prestations de deux jeunes talents , c’est l’Italie qui continue de nous enchanter :

Sur la vaste scène de La Cascade, seul, sans sono, au centre d’un cercle de lumière, Claudio Jacomucci, assis le dos bien droit , tenant contre lui comme son enfant son imposant Pigini Nova, commence par nous jouer avec une maîtrise remarquable, une économie de gestes qui ne l’est pas moins, et une virtuosité sans ostentation une musique sans frontières celle de J.S.Bach.

Et puis comme s’en évadant soudain, demande à notre charmante interprète d’expliquer ce que je comprends comme son projet de se situer parmi « ces compositeurs qui profondément imprégnés par la musique traditonnelle, l’ont réinventée et revitalisée, en dépassant largement, « beyond » les canons de la tradition, et ont réussi à recréer, grâce à cet instrument phénoménal qui est le leur, une musique originelle à l’instar des mazurkas de Chopin, des tangos de Piazzolla ou de la musique brésilienne de Gismonti. » (traduction libre de ce qu’il a écrit dans le livret de son CD Beyond..)
Je pense à ce moment à Vincent Peirani et François Salques et au projet de leur disque Est.


Et Jacomucci nous offre des interprétations remarquables de Piazzola, de Gismonti, du Chorinho d’Hermeto Pascoal, qui nous enchantent …mais aussi , et ce que j’ai encore plus aimé,un choix d’œuvres , siennes ou empruntées à d’autres compositeurs, qui se nourrissent précisément de la culture italienne pour parler leur propre langage …et qui connotent pour moi qui ne la connais pas ou bien peu, des évocations de mon Italie imaginée :
Les migrants albanais à travers une mélodie d’Otar Marzocchi (Albanian Folk Song 1), une musique inspirée d’une collecte de thèmes traditonnels de Calabre , un Ballu remarquable, un visage de Didon d’après Purcell, et, le plus saisissant pour moi ,une Aracne de sa composition qui est une « tarantola »…




Mon Italie imaginée…
Car j’ai adoré L’Eneide (chose inavouable sans doute, bien plus que l’Odyssée !) et dans l’Enéide, Didon , ce beau personnage de femme, tendre et tragique, dans ce texte si « patriarcal ».
Et il y a quelques années je me suis passionnée pour la musique populaire italienne, et j’ai découvert que la Tarentelle, dont le rythme chantait en moi depuis l’adolescence (depuis je crois la musique d’un film par ailleurs médiocre dont j’ai oublié l’auteur : Et mourir de plaisir !) était une danse obsédante, quasi magique , destinée à conjurer les effets de la piqûre de la Tarentule.

De ce concert j’ai gardé l’impression d’une musique inspirée, à la fois étrange et familière...




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