mardi 19 juin 2012

Jacques Mornet , la passion d’enseigner …l’accordéon !




Nous sommes donc allés à Saint Sauves pour y prendre quelques photos du CNIMA…
Temps pluvieux, plus que pluvieux, qui soulignait les verts profonds des conifères et la profondeur sombre des bois qui bordent la superbe autoroute,  la profondeur des vallées qu’elle franchit sur de beaux ouvrages d’art ! Temps de bout du monde pour un Pays de France « profond »  !!!…
Et au bout de ce monde encore un peu sauvage, un petit monde en soi : le CNIMA !
Ses fenêtres ouvrent sur des horizons vastes et boisés, et les sommets volcaniques des Puy…se concentre pour  graviter tout entier autour de la  musique, la musique  de l’accordéon…en ces quelques heures pleines d’intérêt on croisera bien une batterie, des claviers, une guitare, une chanteuse , mais surtout et partout en passant dans les couloirs on entendra les échos  des accordéons multiples qui musiquent dans les box, les chambres, les salles de cours, échos qui composent une étrange polyphonies avec contrepoints, accords, et dissonances …dès huit heures on joue de l’accordéon dans les chambres, dans les box, dans les cours puis à nouveau dans les chambres , dans les box, dans d’autres cours encore…
L’âme de ce monde, c’est Jacques Mornet
D’abord fuyant un peu photos et vedettariat, il finit par nous inviter à assister à un de ses cours…
Une fois encore je ne peux qu’affirmer que pour autant que je l’aime,  je ne connais pas la musique, et moins encore  la technique musicale…Si je connais un peu quelque chose outre la littérature, c’est,  pour l’avoir pratiquée, observée, préconisée, la pratique passionnée de l’ enseignement .
Et je suis séduite d’entrée  par l’extrême qualité de la relation pédagogique, personnelle et directe, que Jacques Mornet instaure entre son élève et lui.
Alternant appréciation positive du « déjà là » et exigence d’aller toujours « au-delà » loin, il mène par ajustements  progressifs son apprenti musicien plus loin, un peu plus loin encore…
Et ce que, en simple amateur de musique,  j’ai le plus apprécié, c’est que si on parle technique avec une exigeante rigueur, c’est au service du sens, de la couleur de l’œuvre, de son contexte et de sa portée émotionnelle…
Keep on swinging !
Par la suite , il nous montre la maquette de sa (non) méthode d’apprentissage de l’accordéon, œuvre entreprise à maintes reprises et toujours recommencée dans une recherche de perfection où je reconnais pour l’avoir vécu de  près l’intensité du projet d’enseigner ce que l’on aime .
Je suis bien incapable d’apprécier la pertinence technique de cette méthode et de suivre le schéma d’enseignement rigoureusement pensé qu’elle s’est donné …
Mais ce que je peux affirmer, c’est que la passion d’enseigner transparait dans la relation du prof et de son élève et dans leur relation à la musique.
Et autour de cette passion, de cette détermination à enseigner d’une manière personnelle, s’est bâti tout un monde : une charmante et efficace compagne directrice, un collaborateur inspiré et précieux , une Anne Marie et une Laetitia compétentes au secrétariat et   à la compta, et une fort  bonne cuisinière  , des élèves de tous horizons et de statuts divers, les uns permanents, qui deviendront peut-être profs un jour, d’autres stagiaires de passage , profs à temps complet ou plus occasionnels, invités prestigieux , tous différents mais mus par le même projet « être musicien d’accordéon ».




Il y a peut-être là quelque chose qui s’apparente pour moi au monde de Célestin Freinet, au désir de se donner les moyens d’enseigner autrement, un monde« d’école nouvelle » qui fascine.
Il y a aussi un monde quasi conventuel, loin du fracas des villes,  pour une vie consacrée à une unique passion :
« Pars courageusement,
 Laisse toutes les villes …. »
Il y a une telle centration unique « mono orientée »  dans le projet que je comprends une fois de plus pourquoi je ne suis ni musicienne ,nidanseuse,  ni poète, ni écrivain.
 Bien sûr sans doute, affaire de talent et de disposition, voire d’histoire familiale, mais aussi, et peut-être surtout, impossibilité pour moi de ne pas regarder par la fenêtre, de ne pas suivre ma papillonne,   si passionnément multiple…
Bref j’admire ! Je me félicite que de tels fous de musique  existent pour notre plus grand bonheur musical…



 Et je choisis décidément de n’être qu’écouteuse, de n’être qu’amateur, d’écouter en aimant leur musique, ceux qui ont la détermination d’un tel projet !




dimanche 17 juin 2012

La géographie selon mon Père…



Mon père enseignait l’histoire et géographie
En fait sa spécialité, qu’il aimait, c’était l’  histoire…mais l’Université et l’éducation Nationale, autrefois comme aujourd’hui, associent  l’Histoire et la Géographie, l’espace et le temps des hommes, en un couple indissoluble, pour le meilleur et pour le pire des élèves et des profs !
Sa prédilection pour l’histoire, c’est dans ses temps périscolaires, ses jeudis, sa retraite surtout qu’il la cultiva, et son goût pour les recherches « aux Archives » , en travaillant sur des articles et des mémoires, pour les  sociétés savantes ou la société d’ histoire locale de Borda…Se désolant que, dans la guerre de clochers landais  qui opposa Dax à Mont de Marsan, Mont de Marsan ait emporté la préfecture, et, bien plus grave ! avec la préfecture,  les Archives départementales …
« Bien beau disait ma mère  qu’il ne nous ait pas emmenés vivre dans cette ville !!! »
Que bien sûr nous estimions toutes trois bien moins attrayante que notre bonne ville de Dax…
Le collège classique de jeunes filles de Dax ne m’offrit pas toujours de super profs d’histoire, l’une royaliste, réactionnaire, nous dictait de longs cours qui racontaient la grandeur des rois,  et qu’il fallait savoir au mot près, l’autre sympathique et intéressante racontait l’histoire sans souci de structurer le temps et son cours d’une quelconque façon.
Mon père par solidarité et discrétion envers des collègues se mêlait assez peu de nos devoirs du soir, sauf quand nous lui demandions de l’ aide pour réviser. Et sans doute parce que sans qu’il en dise rien,  l’absence de mise en ordre des évènements le traumatisait, il mettait parfois son petit grain de sel dans notre apprentissage. C’est que ses élèves l’appelait petit a , tant ses cours étaient structurés et hiérarchisés ! Il préparait méthodiquement et soigneusement ses notes de cours  sur  des feuilles de cahier quadrillées pliées en deux …Comme il aurait aimé l’écriture à l’ordi, comme je l’aime !, la possibilité de revoir, effacer, nuancer , modifier, réécrire, aurait répondu à son besoin incessant de reprendre ses analyses et ses exposés pour les rendre plus clairs…Il collait ses rapiéçages sur des bandes de papier et c’était parfois comme des hypertextes qu’on aurait dépliés…Jusqu’a ce qu’il se décide à tout remettre au net pour une nouvelle version…. 
Ainsi j’ai de la Révolution Française  un vif souvenir attaché à ces petites feuilles revues et corrigées, et l’idée que la manière d’ordonner les évènements historiques avait un sens profond, selon qu’on s’appelait  Soboul Mattiez et Castelot. Et aussi je ne sais pourquoi de la peinture hollandaise du XVI°. La guerre de 14 , ce fut autre chose tant elle était encore présente dans les récits familiaux de nos grands parents…
Et finalement ce que j’ai gardé de plus marquant de son influence, c’est sa géographie !
Il disait n’avoir été marqué que par son maître Vidal de La Blache et la « géographie physique », et c’est dans nos balades familiales qu’elle se manifestait : il y avait la couleur d’un sol calcaire , la glaise d’une terre argileuse , la courbe « d’un synclinal perché », et surtout « les sables fauves » des landes, qui au détour de la route nous arrêtaient et suscitaient ses enthousiasmes !



 J’en ai gardé le goût de regarder la forme des vallées et du cours des rivières, d’admirer les belles barthes grasses au bord des fleuves, « qui servent de régulateur naturel des crues de printemps et d’automne » ! l’envie de dire aux enfants quand l’autoroute entaille la colline « Regardez comme on les voit bien, les couches du calcaire »...  les terrasses des cultures, et les rangs nets des vignes!!!


 Et les chemins blancs de Charente, et les fonds humides des marais D’Orx, et la couche d’alios…
Parce que peut-être, mêlés de parfum d’enfance, ces regards s’apparentent un peu pour moi au regard de la Poésie !!!

Un petit Virgile de poche !





samedi 9 juin 2012

Le polo de Papi et la boîte à boutons...





Mon beau -père a dû, il y deux ans, rejoindre ma belle-mère  en maison de retraite.
Récemment son état s’est tellement détérioré qu’on a dû le faire hospitaliser…
Et l’entretien de son linge nous incombe désormais …
Hier il a y avait un polo à réparer, des coutures s’étant décousues…il manquait aussi un bouton, le second était cassé le troisième dépareillé, cousu grossièrement, trop solidement, au gros fil blanc …
C’était un polo qu’il aimait bien, et en  cousant, j’en sentais son lainage tout abimé des lavages énergiques …et ce pauvre objet me donnait le cafard comme si sa déchéance était celle-là même de celui qui le portait…
Ainsi parlent parfois les choses…Ainsi  un jour les vieux souliers que mon père mettait pour jardiner retrouvés dans le fond du garage bien après sa mort qui me saisirent aux larmes tant ils disaient sa présence…
Ainsi la boîte à boutons…
Je ne sais si les gens gardent ainsi les vieux boutons, mais ainsi faisait ma grand- mère et ma mère après elle, « EN CAS » !!!! Je fais de même…précaution presque toujours inutile…tant l’on pourrait dire : « un bouton perdu ne se retrouve plus !... »
Et  les autres qu’on ne perd jamais s’accumulent comme  pour jalonner nos routes de Petit Poucet.
Et en  cherchant « bouton à son polo », je fouillais le trésor : ce turquoise si joli, il allait sur un petit manteau d’été léger, les roux sur mon manteau de mariage, il y avait aussi ceux argentés d’une jolie petite robe qu’on avait fait faire quand nous sommes partis au Maroc……
….Blablabla….
S’en va la vie comme les merceries d’antan, ces temples du ruban et du bouton, et des doublures soyeuses, satin ou soie, à votre guise… !!!  Au Bonheur des Dames…


Le temps s’en va , le temps s’en va….Mes Dames!




vendredi 8 juin 2012

Bruno Maurice et Jacques Di Donato, Anches multiples, Anches libres…



Au Pont Tournant le 16 mai
Ce fut pour nous une, grande soirée.
Bruno, nous ne l’avions pas entendu en direct depuis longtemps, son jeu est toujours, ou de plus en plus, magique et me laisse sans mots…
Quant à Jacques di Donato, son nom et sa musique sont associés pour nous à Marc Péronne, auquel il donne une réplique digne des chansons mélodiques  de Marc..et nous l’avons souvent écouté..
 Mais en live jamais!
Et c’est la découverte d’un son extraordinaire, de pureté, de virtuosité, d’élégance et d’un humour façon saltimbanque italien : légèreté, détachement, gravité, émotion.


Et les deux ensemble, nous offrent une expérience excitante , l’exploration, la recherche libre  , des possibles sonores de leurs instruments.
Est-elle free leur musique ?
Libre en tout cas, elle  l’est,  qui cherche à  explorer des harmonies inaccoutumées, tente de trouver de nouveaux sons, une  vibration nouvelle de l’air dans  l’anche unique de la clarinette et des 1500 anches de l’accordéon !!!
« Libre et improvisée sur de la musique écrite »!!!

Et « Contemporaine » aussi ?
Les œuvres le sont : Oblivion et Maria de Buenos Aires, Otoño   de Piazzolla,  Improvisation, Mitango de Bruno Maurice, comme Nuages, Lever de Soleil, Embruns, Arabesque de Jacques di Donato, valse Dombelle de Marc Perrone , dans un medley de valses connues …
Mais peut-on dire qu’elles sont de la « musique  contemporaine » ?
Je ne sais pas bien ce qu’est la musique contemporaine je dirais simplement, par référence à la peinture contemporaine,  que nous sommes  amenés à voir,  que si elle est contemporaine, leur musique  n’est  jamais « conceptuelle »
« Mitango » (Bruno Maurice ) est certes créé à partir d' un jeu formel sur la note mi…mais c’est aussi un cri de l’âme , un tumulte de l’émotion où vient se manifester le  thème déchirant de la séparation ,avant  la douceur mélodieuse de l’apaisement .
Nuages (Bruno Maurice) suggère  une correspondance délicieuse et parfois malicieuse entre  montée progressive de la  perturbation atmosphérique et perturbation de l’air dans l’anche de la clarinette, insolite des sons, qui éclatent en  bruits comme des bulles, avant que le souffle puissant de l’accordéon ne les balaye et s’impose.
Le vent soulève des Embruns de la mer, cette brume froide et iodée, qui nous frappe au visage, et nous saisit de l’amour de l’océan qui « console nos labeurs »
Lever de soleil musique la  vibration rose du soleil oblique qui monte peu à peu dans le ciel…
Quant à Piazzola , que nous aimons toujours,  nous le retrouvons à la fois familier et transfiguré par la transcription pour les  deux instruments, mélancolie envoûtante de l’oubli, de l’automne , de Buenos Aires .

J’ai pensé alors au free jazz,  ou à l’art contemporain, plastique et poétique, ou à certains œuvres musicales que je tente parfois de connaître. J’ y sens bien une recherche qui me semble importante dans l’évolution musicale, d’une exploration des possibles du son instrumental,   et  d’harmonies nouvelles, ou cherchées dans les marges et aux limites des harmonies qui nous sont familières…
Mais souvent ces limites  se heurtent à mes propres limites, quand j’en perds le sens, l’émotion, le sentiment d’une plénitude esthétique qui s’impose à la sensibilité et à l’esprit. J’y perds le sentiment  que l’œuvre existe, avec une sorte d’évidence et de beauté…
C’est alors que je renonce, lâchement …et je dis, 
« Trop cérébral, trop conceptuel, rien que conceptuel » … 
« Aboli bibelot d’inanité sonore »,
«… vide pour moi,  mon intuition, ma compréhension, ma sensibilité… »
Recherche savante pour les seuls savants, et qui nous laisse au bord du chemin…

Mais ce soir du 16 mai, je l’affirme,  ce n’est pas ce free- là, ce n’est pas ce conceptuel –là qui anime les anches de la clarinette de Jacques Di Donato et du appassionata de Bruno !
Chaque œuvre jouée est chargée de sens, d’évidence esthétique et émotionnelle !
Toujours au bout de l’exploration, du tumulte (quasi onomatopée chez les Romains qui désigne le bruit complexe et rythmé du branle bas de combat), de la dislocation, de la découverte d’une dissonance troublante, il y a la mélodie puissante, harmonieuse, déchirante ou triomphante, qui se recompose pour un chant d’émotion…
Bruno et Jacques ne nous oublient pas. Leur  liberté musicale, ils la partagent avec nous…

Je suis tout heureuse en me disant que grâce à eux, libération, improvisation, modernité peuvent signifier  pour moi bonheur d’écouter et de ressentir !!!
Jugez-en plutôt!!!







mardi 5 juin 2012

La femme de César, Saison 2


La mort de Danièle Mitterrand, la naissance du bébé de Carla Bruni…m’avaient déjà donné à réfléchir , toute sympathies , toutes opinions politiques exclues, à ces destins de femme amenées à vivre à l’ombre de leurs Césars de compagnons…

L’animation people qui s’agite actuellement autour de Valérie Trierweiler m’a donné envie de reposer ma question…
Et la  tenue des questions d’intérêt hautement politique qui circulent dans les médias, ainsi d'ailleurs que la qualité des commentaires des internautes jugeant bon de manifester leur sagacité critique à cette occasion, me pousse à en poser une autre  , non deux autres …
 Journalistes or not journalistes ? Quel est ce métier dont on défend pourtant si énergiquement la liberté, censé « jouer » un rôle si fondamental dans  la démocratie, et qui s’attache  parfois à de telles vétilles et véhicule parfois de si piètres informations ?
Comment le Grand Journal de Canal+ réussit-il la performance d’être si remarquablement conforme et convenu,  tout en se ménageant avec le Petit Journal (petit, tout petit) et les Guignols, un espace de dérision parfois si pitoyable ?
Pourtant j’aurais pu me souvenir avoir été profondément choquée en son temps  par la caricature faite de Bernadette Chirac et son sac à main…

Le réponse à ces questions est peut-être (je cite librement) "qu’il n’y a pas de grand homme pour son valet de chambre" (Hegel)...
Voire en ce qui concerne Canal+ et quelques autres,  encore moins «…….   de grande femme »…
(L’expression d’ailleurs a du mal à se mettre au féminin !!! )






dimanche 3 juin 2012

Un petit air de musette, un grand souffle de nostalgie



A ma mère….

Hier soir notre ami, et accordéoniste, Florian Demonsant nous a invité  à une petite soirée « musette » dans un bistrot toulousain fort sympathique , bien dénommé La Loupiote, car comme vous pouvez en juger , il y règne une atmosphère plutôt « obscure » que « claire » . Accompagné d’un batteur  de notre région, il nous a donné un récital de musette, succession traditionnelle de marches, valses, tangos, madison, chacha, java, paso doble, charleston, petit rock, avec petite boucle de cercle circasien…sur lesquels des danseurs, plutôt jeunes mais pas uniquement, ont fini par danser avec  spontanéité et un enthousiasme bon enfant …Le son Maugein, un vrai talent de Florian dans le choix des registres et des rythmes, plus qu’un soupçon d’humour, un  batteur bien accordé,  ce fut un grand plaisir que d’entendre ce moment « musette », partagé avec un public plein de gaîté et de convivialité…


Je n’ai pas osé  me mêler aux danseurs même si les pas bien connus me fourmillaient dans les jambes ….. Et bien davantage que dans les quelques bals « trads » auxquels nous assistons parfois par hasard en suivant un  accordéon aimé, et bien mieux que dans les cours de « danse béarnaises » auxquels je me suis inscrite (…et désinscrite !) l’année dernière, je me réjouissais de retrouver là l’ atmosphère de mes bals de jeunesse .

Et le souvenir vif, délicieux autant que nostalgique,  m’en revint…

Quand j’étais adolescente, j’allais souvent chez mon amie dans son village. C’est là que je pris goût à la danse , c’est là que j’appris à danser ….
Danser c’était alors en petites « boums » au Grenier, un local dont nous disposions, et surtout aux bals public de Mugron…, ce joli bourg de Chalosse…
Puis vint l’âge de fêtes de Dax, l’âge des merveilleux bals publics de quartier…Huit jours de fête ! A chaque soir son  quartier , à chaque soir un bal…
J’avoue que je ne sais plus exactement quels orchestres  en assuraient la musique, mais je sais parfaitement ce que nous dansions et combien mon amie Eliane dansait à ravir, et combien nous motiva l’apprentissage de ces danses :
Il y eut les pasos, les valses, les tangos, puis vint le Chacha »en ligne » , en « carré » et enfin le Rock…et le Slow !
L’avènement du Chacha et celui du Rock fit reculer à l’arrière plan le Tango, la Valse (que j’aimais fort !) et surtout le Paso (que nous adorions), qui prirent un petit air rétro, voire un petit parfum troisième âge, que nous situions  à l’époque aux environs de 35 ans… !

Ce que je rappelle tout aussi bien c’est la lutte menée « pour aller au bal ».
Mon père, qui ne dansait pas, mais qui nous témoignait une indulgence à la mesure de la confiance qu’il plaçait en nous, cédait facilement à notre désir. Mais ma mère toujours était inquiète  de nous voir partir seules dans ce monde de fête, négociait le nombre de permissions « à aller danser »,   les heures pour rentrer….
Et nous d’insister : aller à la fête à jour passé ..? Non !
Rentrer à 11 heures, quand la fête bat son plein ? Non !
Et de soudoyer  des accompagnateurs complaisants, ma sœur aînée,hélas peu amateur de bals, ma grand mère encore assez  jeune à l’époque, et  en fait complaisante à tous ces élans festifs…
Et… ma mère elle-même !
Parce qu'elle préférait finalement nous accompagner, s’asseoir dans tous les bistrots en buvant  des cafés, que nous laisser aller seules parmi tous les périls, et que nous, nous préférions finalement y aller ainsi accompagnées que de ne pas  y aller du tout…
Et ceci sous l’œil tendre et malicieux de mon père qui lui disait :
« Qu’est-ce que tu penses empêcher ma Chérie ??? »

Et bien, ce soir je pense à toi, Ma Mérotte, esseulée pendant que nous dansions,  souriante, en dépit de la longueur du temps, à ta table de bistrot, où parfois des danseurs vinrent t’inviter (quelle audace hein ?), surveillant avec inquiétude  la guinche de ces filles, qui parfois passaient non loin d’elle, parfois disparaissaient à sa vue…
Je me demande  avec  émotion quelles pensées occupaient sa jolie tête pensive : l’inquiétude que nous nous fassions « ravir » ? Le souvenir de ses propres bals, car elle avait adoré danser, jusqu’à ce que mon père, ni danseur ni musicien, l’enlève définitivement au monde de la guinche ? Ou peut-être simplement le plaisir de la musique, des mélodies, du rythme des danses  connues, aimées, qui peut-être lui mettaient fourmis dans les  jambes? ...ou celui de la foule animée et chaleureuse des danseurs…?


….Un petit air de musette ?