lundi 18 mars 2013

Nos Quatre Saisons... de Galliano .




Depuis plusieurs années , il s’est trouvé que nous sommes allés écouter Richard Galliano  en janvier- février .
 Il y longtemps maintenant, c’était au New Morning pour la sortie de Luz Negra. Rue des Petites écuries sombre et gelée , découverte au bout du froid du New Morning et de Tangaria.
 Souvent nous  profitons d’un voyage d’hiver de Richard Galliano dans notre sud – sud-ouest. 
Il y a eu la Halle aux grains à Toulouse en janvier. L’année dernière c’était avec Bireli Lagrène  et Didier Lockwood le 4 février à Colomiers, cette année, après l’automne à Arcachon, nous sommes allés à Carmaux, la semaine dernière, pour l’écouter dans son concert « Hommage à Nino Rota »
Dans nos pays, somme toute cléments  de réputation, nous sommes justement tombés sur les périodes de froidure !
Il résulte de ces conditions climatiques une atmosphère particulière…
D’abord un doute … l’année dernière froid et verglacé : « Pourrons nous faire la route …bah c’est de l’autoroute ! » « Eux-mêmes, les musiciens, seront-ils au rendez-vous ? »
La salle était froide et ventilée, mais ils  étaient là..  En revanche,  pas de   Biréli Lagrène, « enrhumé », c’est Stochelo Rosenberg qui le remplaçait…
Cette année, notre route d’arrivée fut clémente, mais les aéroports parisiens connaissaient de multiples difficultés …et c’était la venue des musiciens qui était incertaine  .
Puis, si le concert eut lieu, le froid régnait sur Carmaux…
Etrange ville que cette cité minière encore sous le signe de la terre noire des mineurs et le culte de Jaurès, où le bassin minier n’est plus qu’un musée,  et qui semble se débattre pour rebondir. Des travaux énormes éventraient la rue principale pour installer sans doute le tout à l’égout et préparer à la ville un avenir, qui à nos yeux étrangers, apparaît bien incertain. Vent froid et pluie sur la tête, glaise sur les souliers..Le soir quoique la salle Mitterrand ne soit qu’ à un petit km  on irait en voiture… ! Parce que, se garer, à Carmaux on peut !
Ces circonstances rendent particulier  l’abord des concerts. Rues un peu déshéritées, en tout cas désertées, en raison du froid. Nuit venteuse et déjà profonde à l’heure du concert, et puis une sorte d’îlot de chaleur et de lumière, dont la scène est le cœur…En général, un sas entre les deux , une longue attente dans une file qui s’allonge , où le bruissement des conversations monte peu à peu, mesurant le temps qui passe comme sable dans le sablier.
Dans ces salles un peu polyvalentes, l’installation se fait an mieux grâce au volontarisme  des bénévoles, mais souvent il y a des ajustements qui leur échappent . Ainsi un couple avec deux petites filles,  s’installe près de nous, quatre pour une seule chaise, important deux chaises, et imposant leurs petites à nos pieds, il serait plus juste de dire sur nos pieds. Nous sommes partagés entre agacement et attendrissement…

Et c’est le concert …
L’entrée de Richard Galliano, seul à l’accordina, sur  le thème du Parrain, belle et saisissante, demeure un peu surréelle, et l’attention comme suspendue, en attente….

ET puis, une fois encore, la magie prend..
J’ai beaucoup rêvé et je rêve encore d’avoir un jour la chance d’écouter Dave Douglas en « vrai ». Bien sûr je savais qu’il ne serait pas là, que la formation actuelle réunie par Galliano n’était pas la formation initiale, nous l’avions toujours su, et que seul Marciac nous aurait permis de l’écouter …Je m’étais renseignée, du moins le croyais-je,  sur les nouveaux musiciens, italiens, me semblait-t-il.. Eh non c’était une formation franco –italienne que Galliano nous a présentée :
Mauro Negri à la clarinette, Nicolas Folmer à la trompette, Sylvain le Provost à la contrebasse, Mattia Barbieri à la batterie et aux percus…

J’ai tellement aimé et écouté le CD, que j’ai peur d’être déçue…
Eh bien ! Non, c’est autre chose !  Le concert du CD est parfait, la composition remarquablement orchestrée, dosée, équilibrée, les sons extraordinaires, la trompette de Douglas bien sûr mais le saxo aussi, et Clarence Penn toujours aussi aérien…
Mais ce soir, la présence de Galliano est plus forte, plus sensible,  Ses propres chorus, plus longs, me donnent l’impression d’être comme plus libres et improvisés. Il semble organiser  « naturellement «  les fils de l’ensemble, les duos, avec la clarinette, puis avec la contrebasse, les chorus de trompette et de batterie, se déplaçant   sur l’espace de la scène  comme  « l’âme » de la musique.
J’apprécie énormément le son et la virtuosité de la clarinette de Mauro Negri, et  le jeu de la contrebasse …
En fait on a une impression forte de Jazz…l’impression  d’une musique vivante qui se produit « ici et maintenant », en notre présence, avec une force de communication intense…
La  musique de Nino Rota, peut-être parce qu’elle nous évoque les films de Fellini, a pour moi à la fois une tendresse mélodique forte ( Gelsomina sans doute !) ,  et une connotation déchirante de Tragique . J’avoue d’ailleurs que je préfère la musique de Nino Rota aux films de Fellini, La Strada et Juliette des Esprits exceptés…
Heureusement le « Nino » de Richard nous emporte dans la vitalité ryhtmée d’un swing de bonheur.


Une fois de plus, je bade le talent de Richard Galliano. Je n’ose plus parler du son de son accordéon et de son jeu, de peur de passer pour une laudatrice  inconditionnelle. Mais  je parlerai encore de son talent à composer,  à intégrer l’esprit de la musique qu’il célèbre, pour  en faire une création  marquée de son style,  et aussi de sa capacité  extraordinaire  à jouer en empathie avec les musiciens dont il s’entoure..
Et le bonheur qui en résulte est énorme…
Nous en oublions les mouflets qui nous agacent les pieds , le froid du dehors ,les soucis qui nous tracassent …le seul souci qui nous demeure dans l’instant,  c’est le temps qui passe trop vite , c’est Richard qui se donne et se fatigue , c’est que le concert  devra s’arrêter…. !

Nous commencerons alors à penser à notre Galliano de printemps,  notre Galliano de Mai, à Trentels….et à Toulouse…





 Le lendemain, la neige tombait drue sur la route du retour !






2 commentaires:

Jyl a dit…

merci pour votre post

ELISABATH a dit…

Tu nous racontes l'avant concert, c'est assez rare et cela met encore plus de sel. Tu deviens une experte en Galliano que je n'ai jamais vu en concert. C'est vrai qu'en hiver on prend un risque aussi bien de notre côté spectateur et du côté de l'artiste qui peut être bloqué quelque part et ne pas arriver sur le lieu du concert, quand ce n'est pas un problème de sante. Bon week end.