mercredi 8 janvier 2014

Les divagations de deux coureurs de concerts

Depuis que nous avons cessé le boulot, restent  toujours à l’arrière plan de nos préoccupations, l’évolution  de l’école, notre  foi dans l’éducation, les problèmes d’apprentissage , le devenir de notre langue, de  son écriture , le tout bien sûr largement alimenté, par  les échanges animés entre les filles, (et parfois nous !!!) Au retour de l’école !
Bien sûr, je continue d’être hantée, comme d’autres par les chansons, par des pans entiers de textes que j’ai aimés, et peut-être surtout enseignés, comme si leur partage n’avait pas peu contribué à les faire vivre  dans ma tête..Mais mes curiosités actuelles se complaisent davantage à découvrir dans les textes d’autrefois ceux que je n’avais pas assez lus, à lire "dans les coins" les œuvres favorites, bref davantage, à redécouvrir qu’à trouver du nouveau dans ce qui paraît …Exception faite  (rassurez-vous, je ne veux pas vieillir ignare), des polars que j’explore consciencieusement et méthodiquement !
En fait ce qui excite ma papillonne curiosité, c’est un domaine pour moi relativement nouveau, et dont je partage l’exploration avec Michel, c’est la musique, une certaine musique où nous conduit notre humeur vagabonde !
J’ai  toujours écouté beaucoup  de musique,  comme un fond sonore omniprésent, qui se constituait au gré de rencontres aléatoires, mais actuellement ma curiosité s’aiguise,  de ce domaine nouveau. L’envie d’explorer, de connaître, de comprendre, et de sentir des œuvres nouvelles, de découvrir, de proche en proche, d’autres œuvres et d’autres auteurs, de les  rapprocher, de les comparer, jusqu’à reconnaître en eux l’incomparable, comme autrefois je le faisais des œuvres littéraires, avec peut-être l’ambition inavouée de mieux entendre leur son et de mieux goûter leur saveur. J’ai conscience de l’imperfection de mon oreille, mais je traque   la mélodie qui chante dans ma tête et l’impression émotionnelle, parfois le bouleversement , qu’elle produit en moi, je me livre à la poésie connotative qu’elle suscite . Pleine d’espoir, je cultive les transferts qui peuvent s’opérer entre l’œuvre musicale dont je ne connais guère les arcanes, et les œuvres de la littérature, voire de la peinture, dont je connaissais un peu mieux certains fonctionnements. Ce qui me passionne en particulier, c’est de comprendre ou de sentir la composition d’un morceau, la ligne d’une improvisation, comme je démêlais jadis les fils entrecroisés d’un poème ou  d’un récit, ressentais les systèmes de contrastes ou d’harmonie, de parallélismes ou de divergences, entre les thèmes d’une œuvre ou les personnages d’un roman…
 A cela s’ajoute le plaisir du partage, en  discuter avec Michel…


 Parfois même avons-nous la chance d’en parler avec certains musiciens, ou bien  notre approche des œuvres s’éclaire de ce que ils en écrivent ou en disent, avec simplicité et poésie ,  loin de toute glose mortelle pour leur  beauté (ô merveille de certains  petits livrets de CD !) . Je citerai Bruno Maurice dans le livret de Mitango,




...Jean-François Salques  et Vincent Peirani à propos du CD EST...



 Renaud Garcia Fons parlant de sa rencontre « coup de foudre », avec la contrebasse,

...Raul Barboza en concert racontant  ses morceaux...
...les phrases poétiques de Richard Galliano dans le petit encart du CD New York Tango, et les extraordinaires trailer où il présente son Bach, puis son Nino Rota, puis son Vivaldi…je dis bien "présente", car il ne s’agit certes pas de « concept » ni même d’explication, il s’agit, dans une langue lumineuse d’intelligence,d’évoquer  l’esprit de son projet .

 Car, comme Bruno Maurice, s’il donne au passage quelques indications techniques, c’est toujours au service de l’expression, de l’émotion donnée à partager…comme  encore  François Salques et Vincent Peirani, explicitant leur idée du lien entre leur création et la musique traditionnelle dans laquelle elle s’est inscrite pour la recréer.


Mais  le plus important de tout, le plus « fun » comme diraient nos petites filles, cette quête curieuse des œuvres ET des musiciens, nous a fait découvrir le LIVE, le PARTAGE par excellence, la présence puissante d’une œuvre qui  créent  pour nous, dans l’instant,  des musiciens d’élection,  et que nous partageons  en direct, c’est ce live qu’on poursuit encore et encore …

Voilà ce qui nous pousse sur les routes, sur les chemins des concerts de ceux que nous aimons.
 Et, comme notre ville ne nous offre que rarement ce que nous aimons, c’est ce désir qui nous pousse  aussi loin et aussi souvent que nos forces, nos ressources,  et nos obligations personnelles, nous le permettent.
Quelquefois ce sont chemins de soleil, quelquefois de pluie ou de froidure

…exceptionnellement,  même d’une tempête …

Notre métier jadis nous avait  souvent mis sur les routes  d’écoles de villes ou de villages perdus de notre région, mais je me plais à penser que nos chemins d’aujourd’hui s’apparentent plutôt à la manière de vivre  des musiciens eux-mêmes dont les tournées s’inscrivent dans la tradition des troubadours d’hier, des saltimbanques magiciens  ou  des comédiens de l’Illustre Théâtre… « Faire de la  route pour la musique » !
« Vous aussi voyagez pour la musique ! » m’a dit un jour Renaud Garcia Fons.















Parfois des lieux prestigieux de grandes villes,



Parfois des lieux plus incertains nous offrent des plaisirs de musique, bizarres et intimes,  et eux aussi délicieux .

















Parfois un souper raffiné, mais plus souvent  un sandwich de Mie Câline , ou un petit « picachou » au bord  d’une route ou sur une aire d’autoroute.


Souvent une échappée belle au détour du chemin.

 
Parfois quelques délices picturaux .


Car comme nous devons aller à la Musique parce que notre pays est avare de celle que nous aimons , nous devons aussi aller chercher ailleurs la peinture et la photo que nous aimons …



A la fois choisi et hasardeux, de l’ordre du cabotage plus que du périple intercontinental, ce vagabondage,  nous l’aimons !

Notre vœu est de poursuivre encore et encore ces tribulations  hasardeuses, et de suivre  encore et encore ces chemins de musique …








2 commentaires:

Annie de Tulle a dit…

Bonne année !
Et longue route à votre blog !
Je vois que vous évoquez un de nos musiciens préférés, pour son chamame et son exceptionnel charisme : Raul Barboza. Nous sommes allés l'écouter en mars dernier au centre culturel de St- Pierre- des-corps où intervenait aussi René lacaille ! Quelle soirée délicieuse !
Amicalement

françou a dit…

Merci Annie...Très bonne année aussi à vous, et à vos proches...
Merci de me faire le plaisir de me lire. et je souhaite vivement qu'on puisse discuter ensemble lors d'une rencontre..En attendant nos rencontres virtuelles me sont fort agréables ...
Amicalement,
Françoise