vendredi 4 avril 2014

Alain Pennec à Bourg Saint Andéol , les jolies surprises du festival …


 Quand Alain Pennec  raconte…les bistrots imaginaires …
Comme je l’ai déjà dit, mes curiosités actuelles de direct  me portent davantage vers les instrumentaux ,  que vers des textes mis en spectacle... Les textes , sauf peut-être la poésie, demeurant pour moi essentiellement de l’ordre d’une lecture intimement silencieuse…
De surcroît, je ne suis pas spécialement attirée par la musique «  traditionnelle », même si  l’entreprise de recréation de ces musiques de pays , m’intéresse parfois quand elle en fait une « new » musique, enracinée dans la tradition culturelle, mais novatrice...
  Et s’il est vrai que nous aimons beaucoup de musiciens d’accordéon diatonique, le grand Marc Perrone dans ses petites chansons urbaines, qui chantent la vie de la banlieue avec des airs d’Italie emportés par le vent jusqu’à la Courneuve...
..François Heim et Bruno le Tron pour des musiques issues de la tradition balkanique mais si fondamentalement  personnelles dans l’expression de la déprime ou l’amour,

...Didier Laloy enlaçant  la belle tonalité de son diato au superbe son du chromatique de Tuur Florizoone 

..et Stéphane Délicq dont on pleure à jamais les mélodies dansantes aussi complexes qu’ harmonieuses…

...il est vrai aussi que l’acidité des certaines musiques « trad » et leur chant répétitif ne nous séduisent guère…

Nous attendions donc Alain Pennec avec une certaine curiosité, d’autant que  son spectacle promettait une  mise en scène spectaculaire, masque et marottes en papier mâché (Ouest France !!!), et du texte raconté…

Ce sont bien sans doute des histoires qui couraient dans le temps  en ce pays breton, des personnages hauts en couleur comme on en rencontre (ou pas !) dans les « cafés de pays » Julie la Rousse, Mado de Madagascar … de ce fantastique populaire qui fait intervenir au détour  de la vie quotidienne un soir de tristesse, de compagnonnage ou d’ivresse, le Diable et ses Diablotins.
Je pense à une auteur de romans policiers dont je raffole, Fred Vargas, et à  l’utilisation poétique et dramatique qu’elle fait dans ses romans de ces récits fantastiques du fonds populaire : « Dans les bois éternels » 
Dans  le cas d’Alain Pennec aussi, ces récits sont en grande partie, si je peux en juger,  le produit d’une  vraie invention personnelle. Un surréalisme bon enfant, mêlé d’humour, de tendresse pour ses personnages créés ou réinventés, recrée  ce pays à la fois réel et imaginaire, un joli monde » d’art naïf »…
Accordéon et flûte relèvent pour moi de ces mêmes filiations de la musique populaire « de pays », des rythmes  de danse aux pas sautillants plus que glissés, et  des mélodies souriantes et  entraînantes en majeur, alternant avec des airs qui chantent en mineur ce chant de l’homme « toujours triste même quand il exprime le bonheur » (Chateaubriand)
 Parfois  issus du collectage d’airs de la tradition, parfois  créés par Alain Pennec tous portent la marque de sa fantaisie  et de sa créativité …

 Comme d’ailleurs le beau son de son  diato, parfois acide, sautillant, rustique  et simple, comme souvent pour « ces airs de Pays » et de danse , parfois plus plein, plus chaud, d’une rondeur  mélodique  et presque déchirante de mélancolie jolie…





Sur la sombre et vaste  scène de la Cascade,  ces 
marottes  en papier mâché« Ouest France », violemment colorées, vivent,  par le récit et la musique de leur créateur cornu, une vie saisissante, poétique et drôle…


On peut l'écouter sur youtube:

http://youtu.be/Cjk9kgxEesc


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