vendredi 9 mai 2014

Maitane Sébastián et Philippe de Ezcurra à Urrugne le 26 avril




Pour exprimer l’émotion ressentie lors de ce concert de dimanche dans la superbe et surprenante église st Vincent d’’Urrugne, je ne sais quelles composantes évoquer en premier :
Le plaisir d’entendre en direct l’accordéon de Philippe avec Maitane au violoncelle ? de l’écouter du surcroît  avec notre « grande » Charlotte ?
Les plaisirs de l’amitié, la rencontre,  les échanges , la fierté d’être leurs amis ? 
La convivialité de ce pays où Philippe nous accueille en quelque sorte chez lui ?
Le public chaleureux et réactif ?
Le son acoustique superbe sous la vaste  voûte de cette curieuse église ?

La sortie d’un nouveau CD-DVD qui nous permettra de les  réentendre encore et encore, et même, le fait d’avoir contribué au livret pour quelques lignes de texte ?

Par-dessus tout, en fait,  ce concert riche et beau, qui marque à nos yeux une avancée de plus dans le talent de Philippe dont  nous suivons depuis des années  la réalisation …
http://vimeo.com/90942398




  

La première impression à l’écoute de cette musique est sa variété. Comme Philippe le souligne de quelques mots discrets de présentation, il s’agit bien d’un voyage, sans frontières , dans le temps certes,  de Bach à Dave Brubeck, dans les genres évidemment , dans l’espace,  du Danemark , l’Allemagne , la France,  à l’Espagne,.. et le Pays Basque,  mais c’est surtout un parcours dans  « la Musique qu’ils aiment », et qu’ils nous donnent à aimer…



Piazzolla, Philippe et Maitane, nous l’ont souvent joué. Bach,  Ravel, Philippe a souvent aimé nous les jouer,  mais aujourd’hui il y aura aussi Grieg, avec Peer Gynt, Dave Brubeck
D’abord Sonate en sol majeur de Bach,pour nous un inédit ( sur le CD c’est la sonate en sol mineur)
…Et le concert débute avec la sérénité du contrepoint de Jean Sébastien  Bach que le dialogue accordéon, violoncelle souligne remarquablement …
Puis Ma mère l’Oye de Ravel,..
et la référence aux contes de fée ouvre un univers poétique, léger, un vert paradis « des amours enfantines ».
Je me suis prise à aimer peu à peu cette musique du début du 20ème siècle et la sonorité particulière de Ravel.
 Musique figurative certes dont les titres orientent la rêverie…les pas du Petit Poucet, le dialogue de la Belle avec la Bête…Figurative certes, mais comme un peu décalée, si légère ,et si peu narrative qu’on pense à l’art abstrait de son temps , s’ouvrant sur d’autres univers musicaux ou  poétiques …le dialogue instauré par les adaptations de Philippe y est remarquable

Bien plus figuratives en fait m’apparaissent les pièces  de  la suite n°1 de Peer Gynt qui m’enchantent personnellement : j’aime Peer Gynt .
J’en aime les mélodies si justement  célèbres. «  Romanesques »… elles me semblent romanesques,  racontant les sentiments et en  transmettant l’émotion puissante, ouvrant sur  un monde dramatique.

La Jota de Pablo de Sarasate, c’est dans le concert un moment léger et dansant. Philippe et Maitane sont comme chez, eux, plus détendus et souriants…la mélodie a la teinte de leur pays. Mais aussi une  complexité raffinée et orchestrée…

Rondo à la Türk de Dave Brubeck marque un intéressant changement de style et de rythme :sa mélodie nous rappelle Capon et Galliano, son swing nous ramène au dramatique du thriller parce que toujours on pense à Nougaro,

Et c’est bien de finir par  Piazzolla…
Pour moi, Piazzolla est un génie. Sa musique chante le tragique du monde, la scansion du destin et le tempo envoûtant de la danse, avec des  mélodies si prégnantes qu’on en est saisi définitivement.
 Virtuosité remarquable et subtilité des deux sonorités pour la douceur de la Milonga et la scansion tragique de la Muerte del Angel...

Et comme un jazz man, Piazzolla  ouvre un espace libre  à l’ interprétation , et le  Libertango offert en rappel par Philippe et Maitane est bien choisi comme emblème  de cette  liberté …Leur interprétation en témoigne magnifiquement . Deux  chorus  nous permettent de goûter le son superbe et personnel de l’accordéon, puis du violoncelle…

Et puis c’est fini !
Et…malgré l’apéro délicieux, tortillas et charcuteries basques, la convivialité des proches des deux musiciens, les échanges amicaux avec Philippe et notre amie Maitane….
( de ces échanges toujours nous retirons une grande douceur d’amitié et un peu plus encore, par les remarques ponctuelles, exprimées en toute simplicité par nos musiciens amis, un supplément de savoir et de compréhension de leur musique )
…Et malgré tout cela, comme après tous les concerts marquants auxquels nous assistons, nous éprouvons une impression de vide, la frustration certaine d’un grand plaisir éphémère et désormais achevé…

Heureusement nous emporterons le disque,  cadeau d’amitié, promesse d’une insatiable écoute, beauté d’un bel objet, petits disques brillants accompagnés de texte, enfermés dans un précieux boîtier aux photos remarquables…

EUPHONIA, le bien nommé







Aucun commentaire: