mardi 5 janvier 2016

La mort d’une mère



Ce n’était pas mère …
Ce n’était que ma belle –mère …
Mais toutes deux nous nous étions beaucoup aimées au temps de notre première rencontre …
Son côté femme enfant petite , ronde ,jeune , à la peau lumineuse , sa voix trop forte , ses rires , son affection possessive , et tendre, sa détermination à être une belle mère « pas comme les autres » , ou plutôt « comme la belle-mère de E….(je ne sais plus qui !) que  sa belle fille aimait tant », m’avait comme enchantée, au point même d’avoir un peu terni parfois  l’image  de ma maman , que j’aimais,  et j’aime encore d’un inconditionnel amour .
Et puis avec les années, la venue de l’âge , l’altération de sa santé , qu’elle ne supportait guère , et qui la rendait amère , avec peut-être  mon propre devenir d’adulte et de mère, cette relation, s’était attiédie , peut-être,  et finalement assombrie pour ma part ces dernières années avec le sentiment de mon impuissance à agir pour soulager ses tourments de santé, son refus de les accepter, sa rancœur désespérée,  son permanent reproche à notre égard de ne pas répondre à sa détresse….et finalement son repli  dans un monde imaginé et délirant où  seul entrait son fils et où je n’entrais plus …
Quand je l’ai revue  ce matin du 2 janvier , si menue, si petite dans son lit de morte , avec son visage calme et immobile à jamais,  presque sans rides , mais si émacié qu’il semblait le profil d’un petit oiseau, j’ai eu peine à la reconnaître…
Je me suis approchée d’elle pour un dernier adieu et ce faisant en tournant autour de son lit, tout à coup, mes yeux ont trouvé son autre profil , et je ne sais pourquoi , alors je l’ai reconnue…j’ai reconnue la jeune femme d’autrefois , et toutes les images du passé heureux  m’ont frappée au visage , et avec le souvenir,   le chagrin... de la perte de l’affection d’autrefois, et de l’affection tout court …et peut-être de l’affection manquée…


Plus tard nous sommes partis pour les démarches que chacun connait et  malgré le poids terrible que l’accompagner toutes ces années a fait peser sur Michel, malgré la pénible quasi absence de communication de ces mêmes années , ce n’est pas un soulagement que j’ai éprouvé  mais une sorte de sentiment de solitude…

1 commentaire:

Acquaviva-Mattei a dit…

C.est très beau Françoise, merci!
Je t.embrasse
Laurence