vendredi 24 juin 2016

Galliano, Looking for Richard !

Il y a des années fastes pour nous,  de grandes  années Galliano !   où , grâce à une programmation de concerts plus proches de chez nous,   ces concerts sont comme les marqueurs de nos Quatre Saisons !
Ce fut le cas de l’année passée ! notre saison Galliano, commencée à Eysines avec  Sylvain Luc, où nous vîmes la Vie en rose dans la froidure d’une fin d’hiver s’éternisant,   et  puis exceptionnellement au début du printemps, dans le pays de Notre Océan, à Biarritz, avec l’orchestre symphonique Confluences… puis à la fin de l’été, dans nos Landes,  à Seignosse, avec le Philip Catherine Quartet,  puis à l’automne, àTulle  pour un Solo de Nuit de Nacre  somptueux,    puis à Noël, dans notre ville- même de Pau ! (merci à Fayçal Karoui ) deux Concerts du Nouvel An, et enfin  au début du printemps, à Orthez , si près ! comme pour boucler la boucle ,  une nouvelle Vie en Rose !

Entre les concerts, leurs avants leurs après, les quelques mots échangés à la fin, des rencontres inattendues et précieuses, comme à Tulle, à l’hôtel où nous nous trouvions logés , ou à Pau dans la salle du Zénith avec Gisèle,  le timide rendez-vous pris pour une date prochaine, les CD signés , et qu’on va écouter à « Oreille que veux-tu »et qui appelleront en réseau  d’autres écoutes d’autres musiciens … nous en retirions une sorte de douce familiarité presque amicale.
Comme aurait pu l’appeler comme l’appelait  Ken Loach dans son film pour moi culte avec Canto !!! une familiarité de « Looking for… »


…Et puis ce printemps, voire cet été,  voilà que RG s’échappe vers des ailleurs lointains, La Russie , la Suède, la Norvège , l’Allemagne, la Suisse ou la Chine…ou en France.., dans quelques hauts lieux de la musique , ou tout simplement des lieux dont la distance croît en même temps que notre âge !!!!! Et l’espoir du rendez-vous suivant, «est-il  déjà plus loin que L’Inde et que la Chine ? »Gallianooutai ?
Nous laissant quelque peu frustrés !

Mais  voilà qu’en Mars , puis en Mai,  sa présence  vient se manifester, à nouveau familière et multiple :
Dans les bacs des disquaires : deux CD !
Le Mare Nostrum 2, la deuxième Création avec Jan Lundgren et Paolo Fresu, et que dire qui ne soit pas de l’ordre des « ravis de la crèche »devant la sortie de cette merveille ? Sinon l’écouter et l’écouter encore….


Et presque aussitôt ,  sa venue  d’avance annoncée, et si j’ose dire orchestrée de main de professionnel,   le « Mozart » de Galliano avec Bernard Cervera, Stéphane Hénoch, Jean Paul Minali-Bella, Raphaël  Perraud, Sylvain Le Provost.
Que dire  d’autre que du subjectif que j’assume, à l’écoute de cette interprétation Galliano,  dont la limpidité simplissime découle à l’évidence de la longue maturation, du subtil dépouillement d’un projet qui lui tenait au cœur ?
Je dirai simplement ici que j’aime le choix sans complexe des « tubes » qui ont marqué notre connaissance de Mozart, La marche turque , que j’ai jouée (mal) que ma Charlotte joue(bien),La petite musique de nuit que j’ai écoutée (beaucoup), Le quatuor pour flûte et cordes que je connaissais en fait sans le savoir et  que j’ai l’impression de découvrir, une œuvre que je ne connais pas, le laudate Dominum auquel le bandonéon contribue à conférer cette gravité tragique que Piazzolla m’inspire toujours…
Et puis, la merveille des merveilles ! l’adagio du concerto pour clarinette mais remarquablement et respectueusement inséré dans le contexte de l’œuvre intégrale…auquel l’accordéon permet de restituer un peu des graves de ce « cor de basset » originel !


 De quoi nous distraire un temps de la frustration d’absence d’écoutes en live .. ?

De laquelle frustration,  tâche aussi de nous distraire notre Feu- follet Musicien , qui nous dit presque quotidiennement, « Bonjour à tous ! »  et « Retrouvez-moi » et même «  Retrouvez-moi en direct ! »
« Retrouvez-moi »…à 13h, « retrouvez-moi » dans 10mn en direct, dans l’émission « la grande Table de France Culture , « retrouvez-moi »  ce soir en direct sur France Musique , ou à 22h 30-minuit ! Classic club, Vous avez dit classique ?, top de l’album classique !

Il court, il court  sur les ondes …

et à la Fnac il donne un showcase dont la vidéo, d’abord promise, ensuite donnée par extraits…  s’avère remarquable dans sa totalité et nous permet de connaître en direct  Bertrand Cervera !

et il obtient le n°1 du top de l’album classique !

et son trailer de Mozart nous raconte l’histoire de son Mozart !

En dépit de l’absence, trop de présences ?
Non Non Non !!! car autant dans son discours que dans ses variations, Galliano  a l’art de reprendre le récit tout en le transformant …
Nulle trace dans ces interviews, nul emploi de ces « éléments de langage », préfabriqués,  que l’on sort systématiquement et mécaniquement  de son répertoire pour la promotion d’une oeuvre…
 Chaque entretien est un peu différent de ton et de contenu.
 Et, on ne s’en lasse pas  car c’est histoire de son Mozart et en filigrane ,  c’est son histoire de musicien qui transparait par flashes avec naturel et simplicité..Une réflexion à bâtons rompus  à l’occasion de ses propres rencontres, sur la Musique et son écoute…

…Mozart,  le choix des « Tubes »,  assumé, car il dit choisir comme un simple mélomane et c’est pour mieux jouer pour eux  ,cette épithète de mélomanes qu’il reprend et revendique à plusieurs reprises  me conviendrait bien si j’osais, parce qu’elle parle de goût passionné pour la musique ,et s’oppose a celle de spécialiste, mais elle implique encore pour moi trop de savoirs,  suggère encore trop de connaissances ,et en gardant la passion, je lui préfèrerais le joli terme  d’ « écouteuse », au masculin impossible ! ou celui d’ « amateur » au féminin esthétiquement impossible !
… Des amitiés musicales, Toots Tielemans, Bill Evans, Eddie Louis, Nougaro , Barbara, et les goûts si divers , « divagateurs »,  mais toujours passionnés  et riches d’une subtile appréciation musicale …
…Les compagnons de musique, Paolo Fresu, Jan Lundgren, Henri Demarquette que nous avons appris à connaître grâce à lui.
…Le projet « classique » qui ne renie ni le jazz, ni la chanson, mais qui se réalise «  à 65 ans –il le redit souvent -», enfin réalisé, le rappel d’une sorte de timidité ou d’humilité à aborder Mozart « apparemment facile, mais délicat, »  trois ans de gestation pour cet album…
…Son amour physique pour son Victoria, sa sonorité , son ergonomie , sa familiarité « sensitive » ou « sensuelle »l…
Mais qu’on ne s’y trompe pas, sa culture musicale, son savoir raffiné  sont ceux d’un grand musicien..nous le ressentons avec évidence et timidité, non -musiciens que nous sommes … et au passage, nous  apprenons…
… La place dévolue à l’accordéon dans l’interprétation de la partition, comme il l’aime, une seule note à la fois,  comme un chanteur*
…Le refus de l’idée d’ « arrangement » le souci de jouer la partition, en se contentant de distribuer les parties instrumentales
 … Ou l’existence du cor de basset et pour lequel  la partition originale était écrite et que l’accordéon de Richard interprète si bien…

Mais il faut l’avouer de toutes ces émissions que nous avons écoutées, c’est celle d’Elsa Boublil que j’ai préférée…pour sa qualité certes, l’enthousiasme et la précision de sa présentation,  mais  peut-être aussi pour ces deux confidences de RG, qui nous touchent particulièrement :
L’épisode de l’enregistrement  de Gisèle  avec Toots Thielemans , « J’étais en retard on s’était accroché avec Gisèle, mon épouse, mon épouse  depuis presque quarante ans… avec laquelle d’ailleurs depuis quarante ans tous les jours on s’accroche » il le dit avec du sourire et de l’amour dans la voix..et la mention affectueuse de Lili, «  magnifique » et des enfants , « le plus important dans la vie avec la musique, c’est la même chose… » « Ce sont nos recours… »

Bon ! trêve de frustration, nous en avons profité avec Michel « mon époux depuis plus de 50 ans !»pour réécouter bien sûr Laurita et Gisèle !!!
Et pour refaire un tour dans le passé de Richard et redécouvrir une merveille, son duo avec Jean-Charles Capon….Blues sur Seine,














et en particulier un morceau que j’adore, et qu’on ne lui entend plus interpréter  Laura et Astor